<47>est en correspondance avec moi, et c'est peut-être sur quoi l'on a jugé qu'il se rendrait ici.a La vérité est qu'il est en Hollande pour travailler à l'impression de ses œuvres, augmentées de beaucoup, et à étudier sous le fameux professeur s'Gravesande la philosophie de Newton,b dont il va donner une traduction française. Le commerce dans lequel je suis avec lui me vaut toutes les nouvelles pièces de sa façon, et un recueil des plus complets de tout ce qui est jamais sorti de sa plume. Son poëme de la Pucelle ne paraîtra pas, puisqu'il y a des endroits qu'il n'oserait jamais faire imprimer, à cause de ce qu'il y attaque très-fort les moines. Le ministère de France lui a fait en termes non équivoques une défense très-rigoureuse de laisser échapper aucun fragment de ce nouveau poëme, de façon qu'il y risquerait trop en le hasardant.
L'affaire de M. Wolff, à Brunswic, dont vous me demandez des nouvelles, est traitée avec le dernier secret; nous n'en savons que peu de chose. On dit que Wolff est allé à la cour, et qu'on l'a trouvé muni d'un pistolet de poche; sur quoi il a été arrêté. D'autres disent qu'il a voulu tuer sa femme; d'autres encore qu'il a contrefait la main du Duc, et qu'il avait tiré des sommes assez considérables sur de fausses obligations; d'autres prétendent que la cervelle lui a tourné, et que, ayant honte d'avoir fait tant d'éclat d'une bagatelle, la cour cachait l'affaire par cette raison. Je crois que cette dernière opinion est la plus véritable; toutefois il est sûr que l'oncle n'a point de part à tout ce qui s'y est fait.
Voilà une lettre qui en vaut bien deux. Je vous en demande pardon, ma très-chère sœur, mais je ne l'ai guère pu faire plus courte.
Je vous prie de m'honorer toujours de votre amitié, et de me croire avec des sentiments distingués d'amitié et d'estime, ma très-chère sœur, etc.
a Voyez t. XXI, p. 34.
b L. c, p. 35.