<72>berg. Je ne pourrai pas, selon toutes les apparences, avoir ce bonheur à présent; mais je me suis imaginé que si, à votre départ de Berlin, il vous plaisait d'aller à Hambourg ou à Brunswic, je pourrais avoir l'honneur de vous voir ici, puisque c'est le chemin qui mène à ces deux endroits. Permettez-moi du moins de m'amuser avec ce projet, et laissez régner dans mon imagination une idée qui ne peut m'être que très-agréable, puisqu'elle me rappelle le souvenir d'une sœur que j'adore. Je suis avec toute la tendresse et l'attachement imaginable, ma très-chère sœur, etc.
70. A LA MÊME.
Remusberg, 6 octobre 1739.
Ma très-chère sœur,
Je suis fâché de savoir le Margrave encore malade et votre voyage rompu. J'espérais toujours que ces deux choses iraient de pair. Je me flatte encore qu'elles réussiront, et que vous ne donnerez pas la satisfaction à d'indignes envieux de voir réussir leurs desseins. Je vous supplie encore une fois de continuer votre voyage, et de ne vous pas laisser dérouter par le babil irraisonnable de personnes qui ne méritent aucunement que vous fassiez attention à leurs discours.
Nous passons ici notre vie le plus tranquillement du monde, et nous attendons tous les jours l'apparition du marquis de La Chétardie,a qui vient d'arriver à Berlin.
Quantz se prépare à nous quitter, mais nous attendons dans peu d'autres étrangers ici, et d'autres virtuosi qui pourront le remplacer.
Adieu, ma très-chère sœur; j'espère que je recevrai bientôt de vos nouvelles qui contiendront des choses plus agréables pour
a Voyez t. XVI, p. 160; t. XXV, p. 531; et le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 152.