<88>quatre-vingts vaisseaux marchands; le port est comme une forêt où les arbres sont couronnés de banderoles au lieu de feuilles. Tout ce monde et toute cette opulence ne me touchent guère; je serais bien plus flatté du plaisir de vous voir et de vous embrasser; mais, errant comme je suis, je ne sais point quand je pourrai avoir cette satisfaction. Ne m'oubliez pas, ma très-chère sœur, et soyez persuadée de la tendresse infinie avec laquelle je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.
90. A LA MÊME.
Charlottenbourg, 29 juillet 1740.
Ma très-chère sœur,
Vous avez trop de bonté, ma très-chère sœur, de penser si souvent à moi; ce qui me peut arriver de plus agréable est lorsque j'apprends de bonnes nouvelles de votre part. Je me prépare à présent pour mon voyage de Clèves, et j'espère de partir vers la mi-août. Le duc de Brunswic, qui a levé un régiment pour son frère Ferdinand, que je prends à mon service, arrivera mardi à Berlin, Je tracasse encore beaucoup, et, dans la situation où je suis, je ne saurais guère m'attendre à quelque repos avant l'automne prochain. Nos savants n'arriveront qu'à la fin de l'année,a et j'espère de recueillir à Berlin tout ce que ce siècle a produit de plus fameux. Il ne manque uniquement que votre chère personne pour couronner l'œuvre, ce qui montre qu'il n'y a rien de parfait dans ce monde. Je vous prie, ma très-chère sœur, de vouloir faire mes compliments au Margrave, et de ne jamais douter des sentiments de tendresse et d'estime avec lesquels je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.
Je prends la liberté de vous présenter des hommages prussiens que j'espère que vous voudrez accepter.
a Voyez t. XXII, p. 14.