<X>le plus. Il faut dire que la princesse Wilhelmine prit, dès la naissance de son frère, la plus vive part à sa bonne et à sa mauvaise fortune.a Elle commença par être la compagne habituelle de ses jeux, et les beaux-arts ont immortalisé cette communauté de plaisirs. On voit, au château de Charlottenbourg, un excellent tableau d'Antoine Pesne qui représente Frédéric, à l'âge de trois ans, allant à la promenade avec la princesse Wilhelmine. Il joue du tambour d'un air martial, et semble entraîner sa sœur, qui le suit sans résistance. Les deux enfants, richement vêtus à la mode du temps, sont accompagnés d'un nègre qui porte un parasol de la main droite et un perroquet sur le poing gauche.b - Plus tard, la princesse encourageait son frère au travail, et s'associait à ses études. « Jeune encore, disait, en 1759, Frédéric à son lecteur de Catt, je ne voulais rien faire, j'étais toujours en course. Ma sœur de Baireuth me dit : N'aurez-vous pas de honte de négliger vos talents? Je me mis à la lecture. »c La Margrave dit dans ses Mémoires, t. I, p. 153 : « Ce cher frère venait (en 1729) passer toutes les après-midis chez moi; nous lisions, écrivions ensemble, et nous nous occupions à nous cultiver l'esprit. » Le mariage de la princesse n'altéra point l'intimité de ses rapports avec son frère. Elle le pria d'être le parrain de sa fille, et il lui écrivit, le 5 septembre 1732 : « Vous ne pouviez choisir personne qui eût plus de respect et d'attachement pour la mère, ni plus d'amitié pour la fille. »d Cette affection mutuelle dura jusqu'à la mort de la Margrave sans interruption, à la réserve d'un refroidissement passager sur lequel nous entrerons plus bas dans quelques détails. L'amitié du frère et de la sœur fut signalée par une fidélité à toute épreuve et par les attentions les plus variées et les plus délicates de part et d'autre. Frédéric alla plusieurs fois voir sa sœur à Baireuth,a et il lui témoigna par
a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. I, p. 22, 186 et suivantes, 225 et suivantes, 243, 347 et 348; t. II, p. 26 et 79.
b Ce tableau a été gravé en 1789 par Dominicus Cunego, et, en 1846, par Édouard Eichens, le même artiste qui avait déjà gravé en 1843 le portrait de Frédéric seul, aussi d'après Pesne. On trouve l'histoire du tableau de celui-ci dans M. de Hahnke, Elisabeth Christine, p. 444 et 445, no 9.
c Voyez l'Appendice de cette correspondance, p. 365.
d Voyez ci-dessous, p. 8.
a En 1734, en 1740, en 1743 et en 1754. Voyez ci-dessous, p. 14 et suiv., 102, 134 et 276.