AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
Cette première partie du vingt-septième volume, le douzième et dernier de la série épistolaire, renferme la correspondance de Frédéric avec ses six sœurs; elle se compose de quatre cent trente-cinq lettres, dont trois cent quarante-six du Roi.
I. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC SA SŒUR WILHELMINE, MARGRAVE DE BAIREUTH. (1er novembre 1730 - 12 octobre 1758.)
La princesse Frédérique-Sophie-Wilhelmine, fille aînée de Frédéric-Guillaume Ier, naquit à Berlin le 3 juillet 1709. Elle y épousa, le 20 novembre 1781, le prince héréditaire Frédéric de Baireuth, qui, né le 10 mai 1711, succéda à son père le 17 mai 1735, et mourut le 26 février 1763. La margrave Wilhelmine décéda à Baireuth le 14 octobre 1758, jour du désastre de Hochkirch, entre une et deux heures du matin.1_I-a L'unique fruit de son mariage fut la princesse Frédérique, qui naquit le 30 août 1732, et épousa en 1748 le duc Charles de Würtemberg.
La Reine-mère et la margrave de Baireuth étaient les deux personnes de sa famille que Frédéric aimait le mieux, et qu'il regretta <X>le plus. Il faut dire que la princesse Wilhelmine prit, dès la naissance de son frère, la plus vive part à sa bonne et à sa mauvaise fortune.1_II-a Elle commença par être la compagne habituelle de ses jeux, et les beaux-arts ont immortalisé cette communauté de plaisirs. On voit, au château de Charlottenbourg, un excellent tableau d'Antoine Pesne qui représente Frédéric, à l'âge de trois ans, allant à la promenade avec la princesse Wilhelmine. Il joue du tambour d'un air martial, et semble entraîner sa sœur, qui le suit sans résistance. Les deux enfants, richement vêtus à la mode du temps, sont accompagnés d'un nègre qui porte un parasol de la main droite et un perroquet sur le poing gauche.1_II-b - Plus tard, la princesse encourageait son frère au travail, et s'associait à ses études. « Jeune encore, disait, en 1759, Frédéric à son lecteur de Catt, je ne voulais rien faire, j'étais toujours en course. Ma sœur de Baireuth me dit : N'aurez-vous pas de honte de négliger vos talents? Je me mis à la lecture. »1_II-c La Margrave dit dans ses Mémoires, t. I, p. 153 : « Ce cher frère venait (en 1729) passer toutes les après-midis chez moi; nous lisions, écrivions ensemble, et nous nous occupions à nous cultiver l'esprit. » Le mariage de la princesse n'altéra point l'intimité de ses rapports avec son frère. Elle le pria d'être le parrain de sa fille, et il lui écrivit, le 5 septembre 1732 : « Vous ne pouviez choisir personne qui eût plus de respect et d'attachement pour la mère, ni plus d'amitié pour la fille. »1_II-d Cette affection mutuelle dura jusqu'à la mort de la Margrave sans interruption, à la réserve d'un refroidissement passager sur lequel nous entrerons plus bas dans quelques détails. L'amitié du frère et de la sœur fut signalée par une fidélité à toute épreuve et par les attentions les plus variées et les plus délicates de part et d'autre. Frédéric alla plusieurs fois voir sa sœur à Baireuth,1_III-a et il lui témoigna par <XI>des fêtes brillantes et de mille autres manières la joie que lui causèrent les visites qu'elle lui fit à Berlin en 1740,1_III-b en 1747,1_III-c en 17501_III-d et au mois d'octobre 1753.1_III-e Il la consola et vint à son aide dans tous les revers qu'elle éprouva. Enfin, il entretint avec elle, pendant trente ans, une correspondance intime et suivie. La princesse, de son côté, s'employa avec le plus grand dévouement pour son frère accablé par les malheurs de la guerre de sept ans, et le chagrin profond, ainsi que les inquiétudes que lui causèrent les vicissitudes de cette terrible lutte, accélérèrent indubitablement sa fin.1_III-f Ses dernières paroles furent des vœux ardents pour la longue et heureuse vie du Roi.1_III-g On peut voir, par les lettres que celui-ci écrivit au prince Henri son frère, le 3 août et le 21 septembre 1768,1_III-h combien sa douleur fut profonde lorsqu'il apprit le danger où se trouvait la Margrave, qu'il avait vue pour la dernière fois le 20 juin 1754,1_III-i à l'Ermitage, château de plaisance près de Baireuth.1_III-k
M. de Catt donne dans ses Mémoires (inédits) de précieux détails sur ses conversations avec son maître au sujet de la mort de la Margrave. Voici ce qu'il écrit dans son journal, à la date du 17 octobre 1758 : « Je le trouvai ce matin triste et les larmes aux yeux. Voyez, <XII>cette lettre. On m'annonce que ma sœur de Baireuth est très-mal. Sûrement elle est morte. Hélas! tous les malheurs veulent-ils donc tomber sur moi? » - Il ajoute plus bas : « En effet, peu après, il apprit la nouvelle de la mort de cette princesse. Jamais je ne vis tant d'affliction : volets fermés, un peu de jour éclairant sa chambre, des lectures sérieuses : Bossuet, Oraisons funèbres, Fléchier, Mascaron, un volume d'Young, qu'il me demanda. »1_IV-a Le Roi revient à tout propos, et longtemps après l'événement, sur la douleur qui l'accablait. Le 4 novembre 1758, il écrit à son beau-frère de Baireuth : « Après cette affreuse perte, la vie m'est plus odieuse que jamais, et il n'y aura pour moi de moment heureux que celui qui me rejoindra à celle qui ne voit plus la lumière. »1_IV-b Au marquis d'Argens, le 22 décembre suivant : « J'ai perdu tout ce que j'ai aimé et respecté dans le monde. » Au même, le 18 septembre 1760 : « Ma gaieté et ma bonne humeur sont ensevelies avec les personnes chères et respectables auxquelles mon cœur s'était attaché. »1_IV-c Voici comme il s'exprime sur le même sujet dans son Épître sur la méchanceté des hommes, du 11 novembre 1761 :
Pour moi, qui dans le monde ai de tout éprouvé,
Dans ces divers états mon cœur vide a trouvé
Qu'au milieu de ces maux le seul bien véritable,
Aux grandeurs, à la gloire, aux plaisirs préférable,
Seul bien étroitement à la vertu lié,
C'est de pouvoir en paix jouir de l'amitié.
Ah! je l'ai possédée une fois dans ma vie,
Dans le sein d'une sœur que la mort m'a ravie;
Amitié, don du ciel, seul et souverain bien,
Tu n'es plus qu'un vain nom, son tombeau fut le tien.1_IV-d
Il dit enfin dans le Stoïcien, du 15 novembre de la même année :
Où sont les compagnons de mon adolescence?
Où sont ces chers parents, auteurs de ma naissance,
Ce frère qui n'est plus, et vous, ô tendre sœur!
Vous, qui ne respirez que dans ce triste cœur?1_V-a
On pourrait aisément multiplier les citations analogues, qui prouveraient que la douleur de Frédéric fut aussi durable que sincère et <XIII>profonde. Il ne se contenta pas d'honorer lui-même la mémoire de sa sœur bien-aimée; il engagea Voltaire à la célébrer dans une poésie digne d'elle.1_V-b C'est un sujet qui reparaît souvent dans sa correspondance avec le poète français. En toute occasion et en tout temps, il chercha à soulager sa douleur par les témoignages de son affection pour l'amie qu'il avait perdue. Il y avait dix ans qu'elle n'était plus lorsqu'il fit élever en son honneur le temple de l'Amitié qu'on voit encore aujourd'hui dans le parc de Sans-Souci.1_V-c Enfin le souvenir de la princesse Wilhelmine se retrouve continuellement dans les conversations, dans les lettres et dans les poésies du Roi. Mais c'est dans son Histoire de la guerre de sept ans (t. IV, p. 252 et 253) et dans l'Épître à Mylord Marischal sur la mort du maréchal Keith (t. XII, p. 111-113) que le monarque a exprimé avec le plus de naturel et de force la douleur que lui faisait éprouver la perte de la Margrave. Ces pages honorent la sensibilité de celui qui les a écrites, autant que les qualités de celle qui les a inspirées. Pour compléter ces citations, nous recommandons au lecteur de consulter encore les endroits suivants : t. X, p. 185; t. XI, p. 39; t. XII, p. 40, 86, 101, 108-116; t. XIV, p. 114 et 181; et t. XVI, p. 31, 34, 41, 73, 81, 82, 83, 84 et 86.
Frédéric et la Margrave s'écrivaient toujours en français. Il ne nous manque presque aucune de leurs lettres, parce que chacun des deux illustres correspondants conservait soigneusement celles qu'il recevait de l'autre. La première des lettres de Frédéric est datée de Dresde, 26 janvier 1728, et signée : Frédéric le Philosophe. Il y parle des amusements que lui offrait la capitale de la Saxe, et des personnes qu'il y voyait Le ton en est amical et naturel, ainsi que celui des lettres subséquentes. Cette correspondance traite les sujets les plus variés, nouvelles du jour, affaires de famille, petites cabales des cours de Berlin et de Baireuth, jouissances dues à la littérature, <XIV>à la musique et au théâtre, plaisirs goûtés, soit à Rheinsberg, soit à Sans-Souci, soit à l'Ermitage, chagrins causés par les maladies de la Margrave et par les revers de la guerre de sept ans, enfin résolution prise en même temps de ne pas survivre à la ruine de la patrie. En un mot, les lettres du Roi et de sa sœur font mention de tout ce qui peut les intéresser l'un et l'autre, deux seuls points exceptés : Frédéric ne parle point de sa vie conjugale; la Margrave, de son côté, ne dit rien des chagrins que lui causait l'amour de son mari pour l'aînée des demoiselles de Marwitz. A cela près, la confiance et l'abandon sont entiers, et l'amitié la plus tendre anime cette correspondance, toujours affectueuse, sauf dans les années 1744-1746. Nous ferons voir que la Margrave ne put accuser qu'elle seule de ce refroidissement.
Les lettres de Frédéric et de sa sœur sont presque toutes autographes. Le Roi n'en a fait écrire qu'un fort petit nombre par son secrétaire, et la Margrave a écrit toutes les siennes, hormis celle du 10 mai 1707, lettre inédite, en chiffre, que cette princesse s'excuse, dans un post-scriptum de sa main,1_VI-a de n'avoir pu écrire elle-même, faute de temps; elle dut également dicter les nos 342 et 346, à cause de l'état de faiblesse qui précéda sa mort. La partie de cette correspondance qui renferme les lettres de Frédéric se compose de onze volumes in-4, soigneusement reliés en veau; les lettres de la princesse, qui souvent n'ont pas de date, forment un plus grand nombre de volumes, brochés sans beaucoup de soin.
Cet immense recueil nous a prouvé une fois de plus la différence notable qui existe entre les diverses correspondances de Frédéric, particulièrement entre celles qu'il entretient avec ses amis, et les lettres qu'il échange avec sa famille. Les premières se restreignent ordinairement aux sujets les plus importants. Frédéric n'en envoie guère de pareilles que quand il a quelque chose à dire. Il écrit, au contraire, deux ou trois fois par semaine aux membres de sa famille, et, si l'on en excepte les époques où il était préoccupé des affaires militaires ou politiques, il leur parle de bagatelles, s'il n'a rien de plus intéressant à leur dire les jours de courrier. Il leur écrit donc pour écrire, et en <XV>quelque sorte pour s'acquitter d'un devoir. La Margrave, entre autres, le contraint par ses instances à répondre à ses lettres continuelles,1_VII-a Celles que le Roi adresse à ses amis sont plus spontanées. Même quand il n'y traite que des sujets futiles, ce sont ses sentiments, ses idées qu'il y expose, au lieu que dans ses correspondances avec sa famille, il prend souvent au hasard le premier sujet venu, uniquement pour dire quelque chose. Nous avons donc cru devoir omettre une quantité de lettres échangées par Frédéric et la Margrave, surtout pendant leur jeunesse, parce qu'elles ne font fréquemment que répéter des choses insignifiantes, et ne contribuent en rien à faire connaître le cœur ou l'esprit des correspondants, ni les détails de leur vie, ni l'histoire générale ou les mœurs de l'époque. Nous avons également laissé de côté quelques dissertations philosophiques de l'année 1736, entre autres, celle où Frédéric fait à sa sœur des extraits de la Métaphysique de Wolff, dont il cherche à justifier les idées sur l'origine du péché, par exemple, tandis que la princesse prend le parti de Des Cartes.1_VII-b Nous avons fait ces suppressions avec d'autant moins de scrupule, que nous avons déjà donné nombre de dissertations semblables, mais beaucoup plus mûries, dans les correspondances de Frédéric avec Voltaire, avec l'électrice Marie-Antonie de Saxe, et avec d'Alembert1_VII-c Néanmoins notre recueil, qui renferme trois cent quarante-sept lettres, dont trois cent deux de Frédéric, est bien assez riche pour mettre parfaitement le lecteur au fait des relations qui existaient entre le Roi et sa sœur favorite; et nous sommes heureux de pouvoir dire que, grâce à l'obligeance de la direction des Archives royales, il ne nous manque aucune pièce intéressante ou caractéristique. Nous devons trois cent quarante et une de nos lettres aux Archives de la maison royale (années 1730-1755) et à celles de l'État (années 1756 à 1758). Quant aux six autres, nous tirons le no 264 du Berliner Kalender für 1846, p. 73; les nos 336, 337 et 338, de la correspondance manuscrite de Frédéric avec le prince Henri, conservée aux Archives de l'Etat; le no 344 provient des Beiträge zur neueren Geschichie, par Frédéric de Raumer, t. II, p. 464 et 465; <XVI>le no 347, enfin, des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, nouvelle édition. Neufchâtel, 1760, t. IV, p. 201-204.1_VIII-a
La margrave de Baireuth a inséré dans ses Mémoires une de ses lettres et sept de Frédéric. L'autographe de la première de celles-ci, qu'elle donne dans son premier volume, p. 259 et 260, se trouve dans le tome Ier du manuscrit du Prince royal. C'est notre no 1; cette lettre est datée de Cüstrin, 1er novembre 1730. La seconde (Mémoires, t. II, p. 25 et 26) n'est autre chose, selon nous, que notre no 6, de Ruppin, 5 septembre 1732, refait de souvenir par la Margrave. La troisième (ibid., t. II, p. 249 et 250) est la principale partie de notre no 39, du 2 juillet 1736. La quatrième (ibid., t. II, p. 290) est un fragment de notre no 68, du 30 septembre 1739. L'autographe de la lettre de la Margrave (ibid., t. II, p. 294) ne s'est pas retrouvé. La sixième pièce, prétendue réponse du Roi à la précédente, a été composée par la princesse Wilhelmine d'après l'original de notre no 77, du 10 avril 1740, qu'elle a totalement défiguré. Enfin, le tome Ier des Mémoires présente, p. 193, une lettre de Frédéric, de 1730, et, p. 329 et 330, le sommaire d'une autre lettre du même, dont nous n'avons pu retrouver les originaux. Nous donnons sous notre texte, imprimé exactement d'après les autographes, les variantes des Mémoires, ou plutôt les altérations que la Margrave s'est souvent permis de faire subir aux lettres qu'elle a insérées. Il faut remarquer que l'édition de Brunswic de ces Mémoires a fidèlement reproduit le manuscrit de leur auteur; la seule lettre où celui-ci ait éprouvé quelques changements est celle de l'année 1736; le plus important de ces changements consiste dans la substitution du mot espère au mot pourra, t. II, p. 249, ligne 3 du bas.
Dans les premières années de ce commerce épistolaire, les lettres de Frédéric trahissent une grande inexpérience, soit pour le fond, soit relativement au style. Mais l'étude, à laquelle il se livrait avec ardeur, ses relations avec M. de Suhm, 1_VIII-b avec M. Jordan,1_VIII-c et surtout les correspondances suivies qu'il entretenait avec plusieurs hommes distingués, particulièrement avec Voltaire, lui firent faire de rapides <XVII>progrès. Aussi remarque-t-on dans ses lettres, à partir de 1736, un notable changement à son avantage. Elles sont plus solides, plus nourries et beaucoup mieux écrites, de manière qu'elles intéressent vivement le lecteur capable d'apprécier ces différences.
Quant au caractère moral de cette correspondance, il faut observer qu'il n'en est aucune, si l'on en excepte celle avec le général Fouqué, où Frédéric exprime avec tant d'abondance et de naturel les sentiments affectueux dont son cœur était plein. Ses lettres à Suhm, à Jordan et à d'Argens, quoique dictées par une confiance que n'altérait ni la bonne ni la mauvaise fortune, ne sont pas caractérisées par l'abandon absolu qui règne dans ses correspondances avec sa sœur favorite et avec son vieux compagnon d'armes. Les lettres de la Margrave sont dignes d'une femme de tant d'esprit et de goût. Enfin, si, parmi les diverses correspondances de Frédéric avec ses parents, celle avec le prince Henri est la plus intéressante au point de vue historique, celle qu'il a entretenue avec sa sœur mérite le même éloge au point de vue psychologique.1_IX-a
Nous ne pouvons nous dispenser de dire quelques mots des Mémoires de la margrave de Baireuth, que nous avons déjà mentionnés plusieurs fois, et qui sont le complément indispensable de la correspondance. La Bibliothèque royale de Berlin en conserve le manuscrit original, le plus complet des textes connus. L'authenticité en est constatée par l'écriture, absolument pareille à celle des nombreuses lettres autographes adressées par la Margrave à Frédéric et à sa mère, et conservées aux Archives royales de Berlin.1_IX-b D'ailleurs, le lecteur bien informé et capable de sentir et de juger une pareille composition n'aura pas de doutes sur ce point. L'autographe de la Bibliothèque royale, que l'auteur a intitulé de sa main : Les Mémoires de ma vie, est relié en un volume, composé de trois parties distinctes. La première constitue les Mémoires proprement dits, qui embrassent la période de 1706 à 1742. La seconde, portant la date de 174. (sic), renferme trois fragments sur mademoiselle Caroline de Marwitz, la cadette des trois sœurs de ce nom, qui épousa le grand <XVIII>écuyer comte de Schönbourg, sur mademoiselle de Wacknitz et M. de Creutz, et sur l'officier suédois Cron.1_X-a personnes dont la Margrave parle aussi dans le corps même de ses Mémoires.1_X-b La troisième partie du manuscrit est intitulée Voyage d'Italie, et commence par les mots : « Je partis le 10 octobre 1754 de Baireuth. » Ce journal de voyage s'arrête au 26 juillet 1755; la Margrave était de retour à Baireuth le 10 août suivant.
La princesse Wilhelmine confia son manuscrit1_X-c à M. de Superville,1_X-d qui y fit un grand nombre de légères corrections de style, de grammaire et d'orthographe, mais sans dénaturer les faits. Il mourut à Brunswic en 1776, sans avoir publié ces manuscrits, et ceux-ci furent acquis par le colonel d'Osten, qui les fit paraître, sous le voile de l'anonyme et le titre de : Mémoires de Frédérique-Sophie-Wilhelmine, margrave de Baireuth, sœur de Frédéric le Grand, depuis l'année 1706 jusqu'à 1742. Écrits de sa main. Brunswic, 1810, chez Frédéric Vieweg, deux volumes in-8 de trois cent soixante-quatre et de trois cent vingt-six pages. L'éditeur a ajouté à cet ouvrage un Avant-propos de deux pages, assez insignifiant, sur l'histoire du manuscrit. Les Mémoires de la Margrave, traduits en allemand, ont paru à Tubingue, chez Cotta, 1810 et 1811, en deux volumes in-8.1_X-e Le premier de ces deux volumes, qui avait été publié quelque temps avant l'édition française, est la traduction d'un autre manuscrit, plus modéré d'esprit et de ton que celui de la Bibliothèque de Berlin. L'original du second est le tome II de l'édition de Brunswic, p. 94-326. Les trois fragments qui forment la seconde partie du manuscrit, et le Voyage d'Italie, sont encore inédits. Ils n'ont pas d'importance réelle.
Il est facile de voir, en lisant les Mémoires et la correspondance que nous imprimons ci-dessous, que la Margrave, qui, dès sa jeunesse, avait aimé l'étude1_X-f et s'était exercée à la composition litté<XIX>raire,1_XI-a a écrit son célèbre ouvrage de souvenir, en s'aidant du journal de sa vie, de ses correspondances et des récits d'autres personnes. Comme nous renvoyons, sous le texte des lettres, aux passages des Mémoires qui se rapportent à des objets traités dans les écrits des deux genres, le lecteur pourra facilement juger du degré de croyance qu'il peut accorder aux assertions de la princesse. Nous devons à la vérité de déclarer dès à présent que cette croyance ne peut être entière, et nous le prouverons. Mais nous pensons en même temps que les inexactitudes dont la Margrave s'est rendue coupable paraîtront excusables, si l'on songe à l'irritabilité de son caractère,1_XI-b aigri par les peines de tout genre qu'elle avait éprouvées dans la maison paternelle, à sa santé toujours délicate, à ses chagrins domestiques du mois de septembre 1739,1_XI-c enfin, à sa brouillerie de deux ans avec son frère.1_XI-d La princesse semble appuyer elle-même notre opinion par l'important passage1_XI-e où elle exprime sa crainte que son mari ne soit obligé de faire la campagne de 1734 avec le Roi son père. « C'était là, dit-elle, le sujet de mes inquiétudes. J'étais si accoutumée à en avoir, que je m'alarmais de tout. J'étais plongée dans une noire mélancolie. Tous les chagrins que j'avais eus à Berlin1_XI-f m'avaient si fort abattu l'esprit, que j'eus bien de la peine à reprendre mon humeur enjouée. Ma santé était toujours la même, et tout le monde me croyait étique. Je m'attendais bien moi-même à ne pas réchapper de cette maladie, et j'attendais la mort avec fermeté. La seule récréation que j'eusse était l'étude. Je m'occupais tout le jour à lire et à écrire. »
En effet, l'humeur naturellement gaie de la Margrave était continuellement assombrie par des agitations morales auxquelles elle cher<XX>chait à échapper par l'étude et surtout par la composition littéraire. Mais comme il y a eu dans sa vie plusieurs périodes de grands chagrins, pendant lesquelles elle avait besoin de semblables distractions, il se présente ici une question fort difficile à résoudre. Quel est précisément le temps où elle a cherché le remède à ses peines dans la rédaction de ses Mémoires? Est-ce pendant la courte campagne que fit son mari en 1734?1_XII-a Est-ce en 1739, lorsqu'elle eut découvert l'inclinai ion du Margrave pour mademoiselle de Marwitz? Est-ce enfin pendant sa grande querelle avec le Roi son frère, de 1744 à 1746? Comme toutes les données positives nous manquent, nous sommes réduit à avoir recours à des hypothèses, et voici celle à laquelle nous nous arrêtons. Il est probable que la Margrave a commencé à écrire ses Mémoires pendant la campagne de son mari, alors qu'elle se trouvait seule à Baireuth. Après ce premier jet, elle a sans doute continué, augmenté, corrigé son ouvrage avec le plus grand soin, non pas de suite, mais par intervalles, suivant qu'elle éprouvait le besoin d'écrire, ou qu'il survenait quelque nouveau fait ou quelque souvenir propre à y être introduit, quelque événement de nature à modifier ses premières assertions. Elle a dû travailler ainsi à cet ouvrage jusqu'à l'an 1746. Mais c'est dans les années 1744-1740 qu'elle doit en avoir écrit la partie la plus essentielle, et c'est à cette période que se rapporte certainement tout le mal qu'elle y dit du Roi. On peut citer à l'appui de notre hypothèse le t I, p. 46 et 47 des Mémoires, où, parlant de M. Duhan de Jandun, elle le nomme « ce pauvre garçon. » Or elle ne peut s'être exprimée sur ce ton de commisération qu'à l'époque de l'exil de Duhan, qu'elle voulait accueillir à Baireuth en 1735;1_XII-b car après l'avènement de Frédéric, son vieux précepteur vécut à Berlin dans la position la plus douce et la plus honorable.1_XII-c De plus, le commencement des Mémoires doit avoir été écrit avant la mort de Grumbkow, qui arriva en 1739; en effet, la princesse y parle de cet officier général comme d'une personne vivante.1_XII-d Le passage relatif au <XXI>baron de Pöllnitz, « fameux par ses Mémoires1_XII-e et ses incartades, » t. II, p. 312 (1742), nous autorise à penser que la Margrave ne se souvenait plus d'avoir parlé de lui en détail. J. c., p. 224 (1735),1_XIII-a où elle dit qu'il était « l'auteur des Mémoires qui ont paru sous son nom, » et d'en avoir reparlé à la page 263 (1737). Cela prouve que les Mémoires ont été écrits à diverses reprises. D'un autre côté, la note du t. II, p. 4, et un passage du même volume, p. 227 et 228, se rapportent évidemment aux tristes suites du mariage de mademoiselle de Marwitz avec le comte de Burghauss, mariage qui fut célébré le 8 avril 1744. Enfin, les mots « mon frère de Prusse, » I. II, p. 301, ne peuvent avoir été écrits qu'après le 30 juin 1744, jour où le prince Guillaume reçut ce, titre. Les trois derniers endroits cités s'accordent avec ceux du t. II, p. 255 et 258, où la Margrave dit qu'elle rédige ses Mémoires à l'Ermitage, en 1744. Il est clair qu'elle y a encore travaillé plus tard, c'est-à-dire à l'époque de la seconde guerre de Silésie et de la paix de Dresde, car elle donne, t. I, p. 309, de grands éloges à l'armée formée par Frédéric-Guillaume Ier, qui, par la merveilleuse discipline qu'il y avait introduite, avait, dit-elle, jeté les fondements de la grandeur de sa maison; et à la page 301 du second volume, elle nomme son frère « ce grand prince, » épithète qui ne peut lui avoir été inspirée que par les brillants succès de la guerre de 1744 à 1745.1_XIII-b Ce qui milite encore en faveur de notre opinion, ce sont précisément les récits équivoques, les jugements injustes et les assertions absolument fausses que la Margrave se permet relativement à Frédéric.1_XIII-c Or on voit, par sa correspondance, que jusqu'à 1744 cette <XXII>princesse avait eu pour son frère une tendresse passionnée et même jalouse, et que, à partir de l'an 1746, elle le révéra et en quelque sorte l'adora comme le plus grand homme de son siècle. Tout cela bien considéré, nous n'hésitons pas à attribuer à la querelle de 1744 à 1746 les choses désobligeantes que les Mémoires de la Margrave renferment en grand nombre sur le compte du Roi. Cette querelle, la princesse l'avait amenée, comme elle l'avoue elle-même,1_XIV-a en mariant clandestinement la fille d'un général prussien distingué, et cela contre la volonté de celui-ci et du Roi, avec un officier du régiment impérial dont le Margrave était propriétaire;1_XIV-b de plus, elle laissait voir des sympathies pour l'Autriche et une prédilection marquée pour la reine de Hongrie, ce que Frédéric lui reproche amèrement dans plusieurs lettres,1_XIV-c comme il lui reproche sa conduite offensante envers lui1_XIV-d et les attaques incessantes de la Gazette d'Erlangen, qui s'imprimait presque sous les yeux de la Margrave, et dans laquelle le Roi et la nation prussienne étaient tournés en ridicule pendant la seconde guerre de Silésie.1_XIV-e
La Margrave semble n'avoir vu que le mauvais côté des choses; elle fait, pour ainsi dire, la caricature de la société, car dans le tableau qu'elle en trace, on ne distingue aucune image calme et sereine. Ses Mémoires ne donnent pas un doux souvenir aux amis ni aux guides de son enfance. Le sort des habitants du margraviat de Baireuth, leurs sentiments pour sa maison, n'y occupent aucune place.1_XIV-f Sa fille même, l'éducation de cette unique enfant, ses relations avec <XXIII>elle, n'y sont jamais mentionnées. A peine en dit-elle un mot à de rares intervalles, et c'est toujours en parlant de choses indifférentes,1_XIV-g excepté lorsqu'elle déclare vouloir lui donner ses Mémoires.1_XIV-h Mais ce présent ne peut guère passer pour un témoignage d'affection, vu le scandale que l'ouvrage devait causer, et le jour désavantageux qu'il répand sur les familles de Prusse et de Baireuth, ainsi que sur l'auteur même. Les Mémoires de la Margrave ont donc un caractère satirique bien prononcé, et l'on n'y trouve pas le sentiment et la modération qu'on serait en droit d'attendre d'une femme de son rang.
Il faut attribuer un grand nombre des traits mordants des Mémoires au tour d'esprit naturellement caustique de la princesse, et à l'habitude qu'elle avait prise dès sa jeunesse de ne pas épargner le prochain, comme elle l'avoue elle-même.1_XV-a Elle n'en professe pas moins l'attachement le plus vif pour les personnes qu'elle déchire,1_XV-b et affecte volontiers l'impartialité de l'historien. Ainsi elle prie ses lecteurs futurs1_XV-c de suspendre leur jugement sur le caractère de Frédéric, qu'elle avait amèrement critiqué, jusqu'à ce qu'elle l'ait développé; elle dit expressément, t. II, p. 307 : « Je me pique d'être véridique. » Il ne faut pourtant pas se fier à ces apparences. Au fond, la Margrave vise à satisfaire son amour-propre et à amuser le lecteur,1_XV-d soit par des tableaux comiques, des portraits chargés et des anecdotes singulières, soit par le récit des intrigues et des cabales des princes, des courtisans et même des domestiques. Elle ne recule pas devant les histoires scabreuses, comme celles de la cour de Dresde et de l'amour du roi Frédéric-Guillaume Ier pour mademoiselle de Pannwitz;1_XV-e elle critique ou tourne en ridicule ses sœurs Frédérique1_XV-f <XXIV>et Charlotte,1_XV-g son beau-père le margrave de Baireuth,1_XV-h la duchesse de Würtemberg, mère de son gendre,1_XV-i sa grand' tante la duchesse de Saxe-Meiningen, fille du Grand Electeur,1_XV-k enfin toutes les personnes qu'elle fait figurer dans son ouvrage, et tous ses parents, si nous en exceptons la margrave Philippe de Schwedt1_XVI-a et le prince Albert de Culmbach.1_XVI-b qui jouissaient de son estime. En racontant même la tentative d'évasion de son frère, en 1730, et en faisant connaître combien son père fut dur envers elle à celle occasion, elle n'hésite pas à dire : « Il m'accusait d'être complice de l'entreprise du Prince royal, qu'il traitait de crime de lèse-majesté, et d'avoir une intrigue amoureuse avec Katte, duquel, disait-il, j'avais eu plusieurs enfants. Ma gouvernante, ne pouvant plus se modérer à ces insultes, eut le courage de lui répondre : Cela n'est pas vrai, et quiconque a dit pareille chose à Votre Majesté en a menti. Le Roi ne lui répliqua rien et recommença ses invectives. »1_XVI-c La Margrave va jusqu'à dénigrer sans ménagement, le caractère de sa mère,1_XVI-d qu'elle prétend néanmoins aimer jusqu'à l'adoration;1_XVI-e enfin, elle se permet de rapporter tout au long l'impertinent portrait que M. de Superville, envoyé chez elle par Frédéric, avait eu la hardiesse de lui tracer de ce prince.1_XVI-f Cependant le tout est si bien arrangé et si spirituellement raconté, que les Mémoires offrent tout l'intérêt d'un roman, avec lequel ils ont du reste plus d'un rapport. Mais la prétendue véracité de la Margrave et l'impartialité historique qu'elle affecte ne méritent pas plus de confiance que ses protestations d'attachement à ses proches; car elle défigure souvent les faits de telle sorte, qu'il n'est pas pos<XXV>sible de croire à une erreur involontaire de sa part. Ainsi, par exemple, elle dit, t. Il, p. 297, en parlant de l'avènement de Frédéric : « Je lui écrivais toutes les postes, et toujours avec effusion de cœur. Six semaines se passèrent sans que je reçusse de réponse. La première qui me parvint au bout de ce temps-là n'était que signée du Roi et fort froide. » Nous nous contentons d'engager le lecteur à comparer ce passage avec nos nos 80, 83, 84, 85, 86, 87, 88, écrits du 1er juin au 14 juillet 1740; nous les avons fidèlement copiés sur les autographes de Frédéric. La Margrave ne respecte pas davantage la vérité lorsqu'elle parle du traité conclu par son mari avec l'empereur Charles VII, et rompu peu de temps après.1_XVII-a « Depuis ce moment, dit-elle, la guerre fut déclarée; je ne reçus que des lettres très-dures du Roi, et j'appris même qu'il parlait de moi d'une manière fort offensante, et me tournait publiquement en ridicule. »1_XVII-b Ce passage est réfuté par les nos 117 et suivants de notre recueil. En réalité, ce n'est pas l'insignifiant traité de 1742 qui fut cause de la brouillerie de la princesse avec son auguste frère, brouillerie qui dura du 6 avril 1744 au 29 mars 1746. La vraie raison, la voici. La Margrave, voulant se débarrasser de mademoiselle de Marwitz sa rivale et autrefois son amie, l'avait mariée, ainsi que nous l'avons dit, à un officier autrichien. Comme elle avait toujours fait mystère au Roi de ses chagrins domestiques, il se sentit offensé par un acte dont il ne pouvait s'expliquer les motifs, et qui constituait une véritable violation des lois de la Prusse. De là naquirent des récriminations assez amères, et un long refroidissement. En cherchant à donner le change au lecteur de ses Mémoires sur la véritable cause de sa brouillerie avec Frédéric, la Margrave s'est privée de la faculté d'écrire la suite de cet ouvrage, qu'elle a annoncée quatre fois.1_XVII-c En effet, elle aurait dû commencer cette continuation par une rétractation de ce qu'elle avait dit de « la guerre déclarée en 1742. » Les Mémoires sont d'ailleurs contredits sur ce point par la correspondance de la Margrave avec son frère, tout aussi cordiale dans la période de 1742 au 6 avril 1744 qu'elle l'avait été auparavant,1_XVII-d
<XXVI>Tout ce que nous venons d'exposer montre donc, d'un côté, qu'une partie essentielle des Mémoires de la Margrave fut composée entre les années 1744 et 1746, temps où cette princesse cherchait à se distraire ainsi de ses chagrins domestiques, et où elle était aigrie contre son frère; de l'autre, qu'on ne peut, par cette dernière raison, accorder qu'une confiance limitée à un ouvrage dont l'auteur a, comme nous l'avons vu, altéré la vérité sur des faits importants.
Il existe un Éloge historique de la margrave de Baireuth (manuscrit), par le marquis d'Adhémar, grand maître de la maison de la princesse. Un exemplaire de cet ouvrage, qui appartient à présent à Sa Majesté le Roi, fut envoyé par l'auteur à Frédéric le 15 mars 1759. On y lit le passage suivant, écrit dans le sens des Mémoires, mais absolument réfuté par la correspondance : « Les circonstances où se trouva la cour de Baireuth pendant la guerre de 1742 avaient aliéné le cœur du Roi son frère. Il crut que sa sœur ne l'aimait plus. Qu'il est triste pour la tendre amitié de se croire en droit de faire des reproches! Qu'il est douloureux pour l'amitié sensible de les éprouver! Celle de Son Altesse Royale se crut outragée, parce qu'elle se trouvait innocente, et au lieu de rechercher un éclaircissement qui eût tout raccommodé, elle resta dans le silence, parce qu'elle était fière. Des esprits turbulents l'affermirent encore dans cette malheureuse idée, car ces esprits régnent dans le trouble; mais heureusement la sincère amitié a des ressources supérieures à toutes les menées des méchants. Pour être abandonnée, celle de S. A. R. était trop connue. Monseigneur le Prince de Prusse surtout lui fit toujours la justice de penser qu'elle ne pouvait manquer à ce qu'elle avait de plus cher au monde, à l'amitié et à la gloire. Madame la Margrave ne se souvenait jamais qu'avec une vive reconnaissance de toute celle qu'elle devait à ce prince. Des personnes sages, venant à l'appui d'une prévention si bien méritée, conseillèrent à S. A. R. les démarches qu'elle voulait faire; et, dans un voyage qu'elle fit à Berlin en 1747, elle eut la consolation de penser que l'on ne pouvait plus douter de son cœur. »
Il est facile de voir, en lisant la correspondance, que l'auteur de l'Éloge, qui ne vécut à la cour de Baireuth que depuis 1762, n'a pas été exactement informé des faits, ou qu'il passe à dessein sous silence toute la période de 1744 à 1746. Nous devons ajouter qu'en <XXVII>1748, tourmentée par les intrigues de la comtesse de Burghauss, et réconciliée depuis deux ans avec le Roi, la Margrave invoqua son secours contre cette femme, et reconnut formellement les torts qu'elle avait eus envers son frère.1_XVIII-a « Combien de fois, écrit-elle à Frédéric le 21 février 1748, combien de fois ne me suis-je pas reproché l'irrégularité de ma façon d'agir envers vous! Ma dernière maladie, une mort prochaine, ont augmenté mes réflexions. Un mûr examen sur moi-même m'a convaincue que dans tout le cours de ma vie je n'avais été coupable qu'à l'égard d'un frère que mille raisons devaient me rendre cher, et auquel mon cœur avait été lié depuis ma tendre jeunesse par l'amitié la plus parfaite et la plus indissoluble. Votre générosité vous a fait oublier mes fautes passées, mais ne m'empêche pas d'y penser à toutes les heures du jour. » La réponse de Frédéric (notre no 202) est un vrai monument de sa générosité. On voit que le franc aveu de la princesse suffit pour effacer de l'âme du monarque les dernières traces qu'un juste mécontentement y avait laissées; et la correspondance montre que, à partir de l'époque où cette lettre fut écrite, rien ne vint plus troubler les bons rapports entre la Margrave et son auguste frère, auquel elle témoigna dès lors un attachement à toute épreuve. Cependant elle conserva son ouvrage, même après l'éclatant exemple de piété filiale que Frédéric lui avait donné en publiant, en 1751, ses Mémoires de Brandebourg, où il parle de son père avec tout le respect et toute l'affection imaginables.
La princesse avait bien pressenti le scandale que causerait son livre, s'il voyait le jour. Elle dit, t. II, p. 268 : « J'écris pour me divertir, et ne compte pas que ces Mémoires seront jamais imprimés; peut-être même que j'en ferai un jour un sacrifice à Vulcain; peut-être les donnerai-je à ma fille; enfin je suis pyrrhonienne là-dessus. Je le répète encore, je n'écris que pour m'amuser, et je me fais un plaisir de ne rien cacher de tout ce qui m'est arrivé, pas même mes plus secrètes pensées. » Nous présumons que la Margrave, après avoir confié son ouvrage à M. de Superville, le perdit entièrement de vue. Il semble aussi qu'elle n'en ait fait aucune mention dans sa disposition testamentaire. En effet, on lit dans l'Éloge historique du marquis d'Adhémar que, après avoir reçu la <XXVIII>nouvelle de la mort du Prince de Prusse, vers la mi-juin 1768, la Margrave scella son testament en présence de son mari, de sa fille, et de quelques autres témoins.1_XIX-a Si elle avait encore eu les Mémoires en sa possession, ou qu'ils eussent été présents à son souvenir, elle en aurait sans doute disposé plus convenablement, ou le Margrave, dont les intrigues galantes y sont exposées en détail, aurait mis l'ouvrage aux Archives secrètes de sa maison, ou pris quelque autre mesure pour empêcher qu'il ne fût publié. Le marquis d'Adhémar, un des témoins de l'acte dont nous venons de parler, ne fait également aucune mention des Mémoires, qui probablement étaient dès longtemps, et avant son arrivée à Baireuth, entre les mains de M. de Superville, envoyé du margrave de Baireuth à la Haye depuis 1748, et établi à Brunswic, depuis 1780, comme médecin ordinaire du Duc.1_XX-a Les soucis de la guerre de sept ans et les souffrances de la princesse dans sa dernière maladie expliquent suffisamment comment elle avait pu oublier l'existence de ses Mémoires.
Cet ouvrage est donc une ombre au tableau que présente la vie de la Margrave. On y voit souvent percer le ressentiment qu'elle éprouva contre son frère dans la période de 1744 à 1746, ressentiment qui se reflète également dans la correspondance de ces années, et explique les jugements injustes que l'auteur porte sur le Roi dans ses Mémoires. Nous nous hâtons de passer sur celte époque fâcheuse pour faire observer que, depuis la réconciliation, la sympathie était de nouveau complète, que Frédéric avait rendu à sa sœur toute sa tendresse, et qu'il trouva toute naturelle la résolution prise par elle de partager son sort, quelque funeste qu'il fût.1_XX-b Si donc l'histoire impartiale doit blâmer les nombreuses injustices de la princesse envers son frère, le même tribunal doit absoudre, en faveur de son affection désintéressée et de son dévouement, la sœur qui réalisa pour Frédéric l'idéal de l'amitié, et auprès de laquelle il trouva le plus pur bonheur de sa vie. L'effet pénible produit par les torts de la Margrave envers son frère est d'ailleurs adouci par la lecture de la correspondance de ces deux augustes personnes, qui, <XXIX>selon l'expression du Roi lui-même, n'étaient qu'une âme en deux corps,1_XX-c expression mémorable, impérissable monument élevé à la gloire de la margrave Wilhelmine de Baireuth.
II. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC SA SŒUR FRÉDÉRIQUE, MARGRAVE D'ANSBACH. (7 juin 17440-22 décembre 1745.)
La princesse Frédérique-Louise, seconde fille de Frédéric-Guillaume Ier, naquit dans la nuit du 28 au 29 septembre 1714, et épousa, le 30 mai 1729, le margrave Charles-Guillaume-Frédéric d'Ansbach. Veuve depuis le 3 août 1757, elle mourut le 4 février 1784.
Les Archives de la maison royale conservent une grande quantité de lettres écrites par cette princesse à son frère, du 28 mars 1732 au 2 mars 1768; elles sont toutes autographes, en français, et très-insignifiantes. Quant aux réponses de Frédéric, nous n'en avons trouvé que quelques minutes et copies, insérées à leur rang de date dans le recueil des lettres de la princesse. Parmi les douze lettres que nous avons choisies, il y en a neuf du Roi. Celle du 22 décembre 1745, notre no 12, a été écrite en deux exemplaires, envoyés, l'un à la margrave d'Ansbach, l'autre à la margrave de Schwedt. La princesse Frédérique signe toutes ses lettres Friderique; la margrave de Baireuth (Mémoires, t. I, p. 52 et 99) et le Roi (Œuvres, t. I, p. 200) l'appellent également de ce nom. C'est donc par erreur que David Fassmann, l'auteur anonyme de l'ouvrage, Leben und Thaten des Königs von Preussen Friderici Wilhelmi, la fait nommer Louise par son père dans un court entretien entre ce monarque et la princesse, rapporté t. I, p. 394.
La margrave Frédérique est citée t. VI, p. 245 et 250, art. 7, et t. X, p. 172 de notre édition, ainsi que dans les Mémoires de la margrave de Baireuth, t. I, p. 97, et t. II, p. 71, 72 et 298, où l'auteur parle de la beauté angélique, de l'esprit borné et des ca<XXX>prices de cette sœur. Elle dit aussi que la princesse Frédérique fut très-malheureuse dans son mariage, que le Roi ne l'aimait pas, et qu'elle n'avait pas d'affection pour lui. Toutefois, dans une lettre à la margrave de Baireuth elle-même, du 29 avril 1753, Frédéric dit, en parlant de la visite de sa sœur d'Ansbach : « Jugez du plaisir que j'ai ressenti en embrassant une amie de mon enfance, une sœur que j'aime tendrement, et que je n'ai vue de neuf ans. Il n'y a eu que le congé de triste dans tout cela. »1_XXII-a Il écrit à la même, le 20 juin suivant : « Je ne doute point que notre neveu (d'Ansbach) ne soit fort aimable, puisqu'il a votre approbation; il doit venir ici vers le mois de septembre; je l'aime d'avance, parce qu'il appartient à une sœur que j'aime tendrement. »1_XXII-a Voici enfin comme il s'exprime dans sa lettre au prince Henri, du 8 février 1784 : « Mon très-cher frère, c'est le cœur navré de douleur que je vous écris aujourd'hui. Je viens d'apprendre la mort de notre pauvre et malheureuse sœur d'Ansbach; cela en revient, mon cher frère, à ce que je vous mandais dernièrement, que ce qui reste de notre famille branle au manche. J'ai toujours médité d'aller à Ansbach voir encore une fois ma pauvre sœur; je n'en ai jamais pu trouver le moment. C'était une bien bonne et honnête personne, dont le cœur était la probité même. Je vous avoue, mon cher frère, que cela m'afflige si fort, que je remettrai à un autre jour à vous répondre, étant, etc. »1_XXII-b
III. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC SA SŒUR CHARLOTTE, DUCHESSE DE BRUNSWIC. (18 janvier 1733 - 10 août 1786.)
La princesse Philippine-Charlotte, troisième fille de Frédéric-Guillaume Ier, naquit à Berlin le 13 mars 1716. Le 2 juillet 1733, elle épousa le prince héréditaire Charles de Brunswic, beau-frère de Frédéric, et duc régnant depuis le 3 septembre 1735. La duchesse Charlotte, veuve depuis le 26 mars 1780, mourut à Brunswic le 16 fé<XXXI>vrier 1801. Frédéric avait pour elle beaucoup d'attachement et d'estime. Il écrit à Voltaire en 1743 : « J'ai bien cru que vous seriez content de ma sœur de Brunswic. Elle a reçu cet heureux don du ciel, ce feu d'esprit, cette vivacité par où elle vous ressemble, et dont malheureusement la nature est trop chiche envers la plupart des humains. »1_XXIII-a Frédéric avait souvent la satisfaction de voir la Duchesse, soit chez lui, soit à Brunswic.1_XXIII-b Il lui a adressé deux poésies : l'Ode à ma sœur de Brunswic sur la mort d'un fils tué en 1761 (t. XII, p. 33), et l'Épître à ma sœur de Brunswic. Qu'il est des plaisirs pour tout âge, du 15 février 1765(t. XIII, p. I).
Outre le prince Henri, tué en 1761, la Duchesse eut la douleur de perdre deux fils, tous deux généraux-majors au service de la Prusse; le prince Guillaume mourut en Bessarabie, en 1770,1_XXIII-c et le prince Léopold périt, en 1785, à Francfort, dans une inondation de l'Oder, en voulant sauver des hommes qui se noyaient.1_XXIII-d Ces deux princes, et leurs frères aînés le Prince héréditaire et le prince Frédéric-Auguste, étaient fort aimés et appréciés de leur oncle; leur sœur, la princesse Elisabeth, femme du Prince de Prusse, dut divorcer d'avec son mari.1_XXIII-e
Il existe aux Archives de la maison royale un grand nombre de lettres de la duchesse de Brunswic à Frédéric, mais aucune de celui-ci à sa sœur. Le recueil que nous présentons au lecteur se compose de treize pièces, dont quatre (les nos 4, 7, 12 et 13) du Roi. Nous devons les nos 1, 2, 3, 5, 6 et 8 aux Archives de la maison royale; le no 4 nous a été fourni par les Archives de Brunswic; le no 7 est tiré du Supplément aux Œuvres posthumes de Frédéric II, t. III, p. 77; quant aux trois lettres nos 9, 10 et 11, nous en devons les copies à l'obligeance de feu madame la comtesse Henriette d'Itzenplitz-Friedland; mais les textes en sont très-incorrects, <XXXII>et renferment même souvent des phrases inintelligibles; enfin, les nos 12 et 13 sont tirés des Anekdoten von König Friedrich II von Preussen, herausgegeben von Friedrich Nicolai, cahier I, p. 4 et 6.
IV. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC SA SŒUR SOPHIE, MARGRAVE DE SCHWEDT. (11 juillet 1742 - 23 septembre 1765.)
La princesse Sophie-Dorothée-Marie était la quatrième fille de Frédéric-Guillaume Ier; elle naquit le 25 janvier 1719, et épousa à Potsdam, le 10 novembre 1734, le margrave Frédéric-Guillaume de Brandebourg-Schwedt. Elle mourut à Schwedt le 13 novembre 1765. Frédéric parle de cette sœur, entre autres, t. I, p. 200; t. X, p. 173; t XVIII, p. 181; t. XXVI, p. 315, 317, 32 et 630-632, nos 26, 27 et 28; ci-dessous, p. 16. Il en est fait mention dans le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 146. La margrave de Baireuth, enfin, s'exprime ainsi dans ses Mémoires, t. II, p. 207, à propos de la maladie dont son père fut atteint en 1734 : « Son mal augmentant à vue d'œil, il résolut de faire les noces de ma sœur Sophie avec le margrave de Schwedt. La bénédiction de leur mariage se donna le 7 de janvier 1735, devant son lit. » Cette date est inexacte.
Les Archives de la maison royale conservent beaucoup de lettres de la margrave Sophie à son frère, toutes autographes, et quelques minutes ou copies de lettres de Frédéric à sa sœur, dont aucune n'est de sa main. On voit au dos de plusieurs des lettres de la Margrave des notes que les conseillers de Cabinet y ont faites au crayon ou à l'encre, et qui contiennent la substance de la réponse du Roi; par exemple : Compliment, ou Compliment obligeant; Compliment bien obligeant; Compliment de félicitation au nouvel an, etc. Il semble que Frédéric ait rarement écrit de sa main à sa sœur Sophie, ainsi qu'à la margrave d'Ansbach.
Le recueil que nous donnons de la correspondance avec la margrave Sophie comprend quinze lettres, dont neuf de Frédéric; elles sont toutes tirées des Archives de la maison royale.
<XXXIII>V. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC SA SŒUR ULRIQUE, REINE DE SUÈDE. (3 novembre 1743-27 septembre 1772.)
La princesse Louise-Ulrique, cinquième fille de Frédéric-Guillaume 1er, naquit à Berlin le 24 juillet 1720. Vers la fin de l'année 1743, l'impératrice Elisabeth se proposant de marier le grand-duc son neveu, son penchant la portait à donner la préférence à la princesse Ulrique;1_XXV-a mais Frédéric aima mieux recommander la princesse de Zerbst.1_XXV-b Au mois de mai 1744, le comte de Tessin vint à Berlin, en qualité d'ambassadeur de Suède, demander la main de la princesse Ulrique pour le prince Adolphe-Frédéric de Holstein, héritier présomptif du trône de Suède. Les noces furent célébrées à Berlin le 17 juillet. Le Prince de Prusse, frère du Roi, épousa la princesse par procuration de l'auguste fiancé, qui parvint à la couronne le 6 avril 1751. La reine Ulrique, veuve depuis le 12 février 1771, mourut à Stockholm le 16 juillet 1782.
Frédéric lui a adressé quatre poésies : les Vers du 4 juin 1743, l'Épître à ma sœur de Suède, du 25 décembre 1749, et les deux Épîtres des années 1771 et 1772. Voyez t. XIV, p. 102, t. X, p. 167, et t. XIII, p. 86 et 91. Voyez aussi t. III, p. 45, t. VI, p. 250, et, t. IX, p. x, 206 et 207, le Discours prononce à l'assemblée extraordinaire et publique de l'Académie des sciences et belles-lettres de Prusse, en présence de Sa Majesté la reine douairière de Suède, le lundi 27 janvier 1772. Enfin, voyez t, XIII, p. 103.
Le Roi fait mention de sa sœur de Suède, alors en visite chez lui, dans ses lettres à l'électrice Marie-Antonie de Saxe, du 24 décembre 1771 et du mois de février 1772, et au comte de Hoditz, du 29 décembre 1771, ainsi que dans celles à Voltaire et à d'Alembert, du 12 janvier et du 30 juin 1772. Il a exprimé dans sa lettre à ce dernier, du 8 septembre 1782, la douleur que lui causait la perte de cette princesse. Voyez t. XX, p. 262 et 263; t. XXIV, p. 255 et 260; t. XXIII, p. 236; t. XXIV, p. 631; t. XXV, p. 263 et 264. Voyez aussi t. XXVI, p. 361, 367, 368, et 647-649.
<XXXIV>Il y a aux Archives de la maison royale une volumineuse collection de lettres de la reine Ulrique, toutes autographes et écrites du 4 septembre 1737 au 31 décembre 1747. Nous n'avons trouvé dans le nombre qu'une seule copie d'une lettre de Frédéric, du 7 juin 1747. La reine de Suède, encouragée par son frère, écrivait par tous les courriers et sur toutes les affaires de sa maison et de sa nouvelle patrie; plusieurs de ses lettres sont en chiffre. Elle signe presque toujours Ulrique, très-rarement Louise-Ulrique. On n'a rien trouvé de la main de Frédéric parmi les papiers qu'elle a laissés, et qui sont conservés à Drotningholm.
Notre recueil renferme quinze lettres, dont cinq du Roi. Nous devons les nos 1-11 aux Archives de la maison royale; les nos 12 et 13 sont tires de l'ouvrage de M. Frédéric de Raumer, Beiträge zur neueren Geschichte. Leipzig, 1839, t. III, p. 212, 213, 224 et 225; enfin nous avons copié les nos 14 et 15 dans la Correspondance inédite relative à l'histoire de Suède 1772-1780, publiée à Stockholm, en 1843, par M. le baron de Manderström, membre de l'Académie suédoise. Au verso du titre se trouvent les mots : Édition tirée à 40 exemplaires numérotés. L'exemplaire que nous devons à la bienveillance de l'éditeur porte le no 18, de sa main.
VI. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC SA SŒUR AMÉLIE, ABBESSE DE QUEDLINBOURG. (24 avril 1738-9 août 1775.)
La princesse Anne-Amélie, fille cadette de Frédéric-Guillaume Ier, naquit à Berlin le 9 novembre 1723. Elle fut installée abbesse de Quedlinbourg le 11 avril 1756, et mourut à Berlin le 30 mars 1787.
Cette princesse, qui avait beaucoup de goût et de talent pour la musique, vivait ordinairement à Berlin, en hiver sous les Tilleuls (no 7, hôtel actuel de la légation russe), en été rue Guillaume, dans le palais qui appartient aujourd'hui à Son Altesse Royale le prince Albert. Ce séjour habituel dans la capitale lui procurait l'avantage de jouir souvent de la société du Roi son frère, qui aimait sa conversation, et qui même, pendant la guerre de sept ans, l'invita quelque<XXXV>fois à venir le voir. Les correspondances et les poésies de Frédéric donnent un agréable témoignage de la cordiale intimité qui régnait entre lui et sa sœur Amélie.
Les sept poésies adressées à cette princesse par le Roi se trouvent t. XII, p. 48, 64, 161 et 169, et t. XIII, p. 22, 37 et 89.
Notre recueil renferme trente-trois lettres, dont dix-sept de Frédéric. Nous lirons vingt-trois de ces pièces des Archives de la maison royale, et les nos 6, 9 et 12-15 des Archives de Darmstadt, qui en conservent des copies faites pour la landgrave Caroline. Quant aux nos 27-30, nous les devons à feu madame la comtesse Henriette d'Itzenplitz-Friedland. Nous avons omis, comme n'offrant pas les caractères de l'authenticité, la lettre de Frédéric, de l'année 1778, qui se trouve dans le Göttingisches Historisches Magazin von C. Meiners und L. T. Spittler, Hanovre, 1788, t. III, p. 453. D'ailleurs, les éditeurs de ce recueil ont tiré la pièce dont il s'agit d'une source fort suspecte, les Lettres historiques, politiques et critiques sur les événements qui se sont passés depuis 1778 jusqu'à présent (par le chevalier Metternich, de Cologne), Londres (Cologne), 1788, t. I, p. 116. On sait que Frédéric Nicolaï, dans les Anekdoten von Kônig Friedrich II, 1792, cahier VI, p. 208, a déclaré supposées les pièces contenues dans les neuf ou dix volumes de ces Lettres historiques qui avaient paru jusqu'alors.
Berlin, 3 avril 1855.
J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.
1_I-a Frédéric écrit à Voltaire, le 22 avril 1759 : « Je fus battu à Hochkirch, le moment que ma digne sœur expirait. » Voyez t. XXIII, p. 43.
1_II-a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. I, p. 22, 186 et suivantes, 225 et suivantes, 243, 347 et 348; t. II, p. 26 et 79.
1_II-b Ce tableau a été gravé en 1789 par Dominicus Cunego, et, en 1846, par Édouard Eichens, le même artiste qui avait déjà gravé en 1843 le portrait de Frédéric seul, aussi d'après Pesne. On trouve l'histoire du tableau de celui-ci dans M. de Hahnke, Elisabeth Christine, p. 444 et 445, no 9.
1_II-c Voyez l'Appendice de cette correspondance, p. 365.
1_II-d Voyez ci-dessous, p. 8.
1_III-a En 1734, en 1740, en 1743 et en 1754. Voyez ci-dessous, p. 14 et suiv., 102, 134 et 276.
1_III-b Voyez ci-dessous, p. 105-110, nos 96-102.
1_III-c Voyez t. XXVI, p. 114, no 19, et ci-dessous, p. 183 et 185.
1_III-d Voyez le Journal historique des fêtes que le Roi a données à Potsdam, à Charlottenbourg et à Berlin à l'occasion de l'arrivée de Leurs Altesses Royale et Sérénissime de Brandebourg-Baireuth, au mois d'août 1750 (par le baron de Pöllnitz), imprimé chez Chrétien-Frédéric Henning, quarante-quatre pages in-4. Voyez aussi notre t. XX, p. 109, no 35, et ci-dessous, p. 221.
1_III-e Voyez ci-dessous, p. 267 et 268.
1_III-f Voyez les lettres de la margrave de Baireuth à Voltaire, du 19 août, du 12 septembre, du 16 et du 8 (28) octobre, du 23 et du 30 novembre, du 27 décembre 1767, et du 2 janvier 1758, dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. LVII, p. 310, 332, 353, 349, 378, 382, 416 et 424, ainsi que dans les Œuvres complètes du même auteur, édit. de Kehl, 1785, t. LXVI, p. 348-367.
1_III-g Le médecin Cothenius (ci-dessous, p. 364) dit dans sa lettre inédite au Roi, Baireuth, 13 octobre 1758 : « Die wenigen Worte, die Ihro Kônigliche Hoheit hervorbringen kônnen, das sind heisse Wünsche für Ew. Kôniglichen Majestät langen und glücklichen Leben. »
1_III-h Voyez t. XXVI, p. 204, 205 et 216.
1_III-i Voyez ci-dessous, p. 274-277, nos 273, 274 et 275.
1_III-k Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 36, 226, 227, 252 et suivantes. Voyez aussi les Lettres et Mémoires du baron de Pöllnitz, troisième édition, A Amsterdam, 1737, t. I, p. 223 et 224, et t. V, p. 356-359.
1_IV-a Voyez t. XV, p. II.
1_IV-b Voyez t. XIII, p. 194.
1_IV-c Voyez XIX, p. 61 et 217; t. XX, p. 304, no 20; et ci-dessous, p. 334.
1_IV-d Voyez t. XII, p. 206 et 207.
1_IX-a Voyez t. XXVI, p. XVIII et XIX.
1_IX-b Voyez t. XXV, p. 511 et 512, et G.-H. Pertz, Ueber die Denkwürdigkeiten der Markgräfin von Bayreuth. Berlin, 1851, dix-neuf pages in-4, et deux planches présentant divers fac-similé.
1_V-a Voyez t. XII, p. 214.
1_V-b Voyez t. XXIII, p. 24-30, 37, 38, 42-45; t. XIX, p. 72.
1_V-c Il y a dans ce temple une statue en marbre qui représente la Margrave assise. Cette statue est l'ouvrage des frères Jean-David et Laurent-Guillaume Ränz, de Baireuth; ces mêmes artistes ont également exécuté, en 1777, celle du général Winterfeldt, une des six qui ornent la place Guillaume, à Berlin. Voyez H.-L. Manger, Baugeschichte von Potsdam, p. 315 et 316. On trouve ci-dessous, p. 364, une vignette représentant le temple de l'Amitié.
1_VI-a « Je vous supplie, mon cher frère, dit la Margrave dans ce post-scriptum, de me pardonner si je n'écris que ce grimoire (voyez t. XXVI, 202 et 208); le temps presse. »
1_VII-a Voyez ci-dessous, p. 58, no 50.
1_VII-b Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 146.
1_VII-c Voyez t. XXI, p. 101, 102, 108 et suivantes, 142 et suivantes; t. XXIII, p. 227, 229 et 282; t. XXIV, p. 79 et 568.
1_VIII-a Voyez t. XIII, p. 193.
1_VIII-b Voyez t. XVI, p. 273 et suivantes, et t. XXV, p. 507.
1_VIII-c Voyez t. XXV, p. 521 et 522, et ci-dessous, p. 52.
1_X-a Crohn?
1_X-b Edition de Brunswic, t. I, p. 15 et suivantes; t. II, p. 228.
1_X-c Voyez les Mémoires, édition de Brunswic, Avant-propos, p. m.
1_X-d Voyez ci-dessous, p. 64.
1_X-e Denkwürdigkeiten aus dem Leben der Königl. Preussischen Prinzessin Friederike Sophie Wilhelmine, Markgräfin von Baireuth, vom Jahre 1709 bis 1733.
1_X-f « Ma passion dominante a toujours été l'étude, la musique, et surtout les charmes de la société. »Mémoires, t. II, p. 224, et ci-dessous, p. 316.
1_XI-a Mémoires, t. I, p. 153, 154 et 285; t. II, p. 258.
1_XI-b Voyez ci-dessous, p. 78 et 81.
1_XI-c Mémoires, t. II, p. 288 et suivantes, 303, 304, 307-309, 310-312, 314, 315, 325 et 326.
1_XI-d Voyez ci-dessous, p. 142-64, nos 143-171.
1_XI-e Mémoires, t. II, p. 139.
1_XI-f En 1732 et 1733. Voyez les Mémoires, t. II, p. 76-136. Dans la traduction allemande de cet ouvrage, Tubingue, 1810, (t. I) p. 199, la Margrave dit que, depuis qu'elle avait été retenue prisonnière à Berlin, en 1730, sa santé était si altérée, qu'elle ne s'était jamais rétablie. Elle ne parle pas de cela dans l'édition originale de Brunswic.
1_XII-a Mémoires, t. II, p. 139, 182 et suivantes, 190 et suivantes.
1_XII-b Voyez ci-dessous, p. 41; t. XXVII. II, p. 39; Mémoires, t. 1, 251.
1_XII-c Voyez t. XVII, p. m et IV, art. III, et p. 297-332; t. XXV, p. 557; et ci-dessous, p. 383.
1_XII-d Voyez les Mémoires, t. I, p. 5.
1_XII-e Mémoires du baron de Pöllnitz, contenant les observations qu'il a faites dans ses voyages, et les caractères des personnes qui composent les principales cours de l'Europe. Liège, 1734, trois vo+ lumes in-8; seconde édition, Londres, 1735, quatre tomes en deux volumes in-12. Voyez notre t. XX, p. V, VI et 91.
1_XIII-a Voyez ci-dessous, p. 32, 138 et 140.
1_XIII-b Dans la traduction des Mémoires, Tubingue, 1810, (t. I) p. 4 et 5, la Margrave dit en parlant de la naissance de Frédéric : « Dieses ist der Bruder, der mit mir erzogen ward, den mir tausend Ursachen theuer machen, und den ich den Trost habe, von ganz Europa bewundert zu sehen » Ce passage ne se trouve pas dans l'édition de Brunswic.
1_XIII-c Voyez les Mémoires, t. I, p. 46, 47, 103 et suivantes, 111, 112, 131; t. II, p. 192-194, 198, 200, 201, 202, 203, 207, 213, 276, 277, 294, 297, 298, 299 et suivantes; voyez aussi la traduction des Mémoires (t. I), p. 352, I.5 à 15, lignes omises dans l'édition de Brunswic; voyez enfin nos notes sous le texte de la correspondance.
1_XIV-a Lettre à Frédéric, du 21 février 1748 : « J'ai fait le fatal mariage de la Burghauss, cause de tant de regrets. »
1_XIV-b Voyez ci-dessous, p. 142, et les Mémoires, t. II, p. 4, 227 et 228. Quant au régiment impérial de Baireuth, voyez 1. c, t. II, p. 156, 157 et 227.
1_XIV-c Voyez ci-dessous, p. 155, 157, 158, 161 et 162, nos 162, 165, 166 et 169.
1_XIV-d L. c, p. 149 et 150, no 152.
1_XIV-e L. c., p. 151 et suivantes. Pendant la guerre de sept ans, la Gazette d'Erlangen agit de même à l'égard de la Prusse, et l'éditeur en fut puni en 1769.
1_XIV-f En racontant à Frédéric l'incendie du château de Baireuth, la Margrave dit (ci-dessous, p. 248) : « Ce qui nous a été le plus sensible a été la mauvaise volonté des gens d'ici, qui n'ont point voulu donner de secours, et se sont cachés ou sauvés pour n'avoir point besoin de travailler. »
1_XIV-g Voyez les Mémoires, t. II, p. 72, 76, 80, 187, 322; voyez aussi, dans la traduction allemande des Mémoires (t. I) p. 354 et 355. un alinéa omis dans l'édition de Brunswic.
1_XIV-h Mémoires, t. II, p. 258.
1_XIX-a Ce fut le 6 août 1758 que la Margrave fit son testament.
1_XV-a Voyez les Mémoires, t. I, p. 153, 154, 105, 231 et 232. Voyez aussi l'ouvrage de Büsching, Character Friedrichs des Zweiten, p. 273.
1_XV-b Mémoires, t. I, p. 89 et 90; t. II, p. 135, 136, 202, 203, 299 et 300. Voyez aussi la correspondance, par exemple ci-dessous, p. 92 et 93.
1_XV-c Mémoires, t. II, p. 301.
1_XV-d L. c, t. I, p. 15 et suivantes, 143 et suivantes; t. II, p. 144 et 145.
1_XV-e L. c., t. I, p. 102 et suivantes, 350 et 351.
1_XV-f L. c., t. 1, p. 97; t. II, p. 71, 72 et 298. S
1_XV-g L. c, t. I, p. 318, 319 et 330; t. II, p. 78, 79, 81 et 87.
1_XV-h L. c., t. II, p. 12, 13, 14-16, 85 et suivantes.
1_XV-i L. c., t. II, p. 324 et 325.
1_XV-k L. c, t. I, p. 337 et 338; t. II, p. 74 et 75.
1_XVI-a Mémoires, 1. I, p. 178 et 179; t. II, p. 3 et 104.
1_XVI-b L. c., t. II, p. 54, 55, 111, 121, 188 et 189.
1_XVI-c L. c., t. I, p. 242 et 243.
1_XVI-d L. c., t. 1, p. 12, 13, 30, 31, 58-60, 76, 77, 87 et suivantes, 108-110, 128, 129, 131, 132, 154, 157, 161, 251, 303, 304, 305, 306, 309 et suivantes, 320, 321 et suivantes, 333 et suivantes; t. II, p. 4, 5, 6, 77 et suivantes, 94, 116 et suivantes; voyez, enfin, la traduction des Mémoires (t. I), p. 356, 358 et 359, passages qui ne se trouvent pas dans l'édition de Brunswic.
1_XVI-e Mémoires, t. I, p. 284 et 303; t. II, p. 299 et 300.
1_XVI-f L. c., t. II, p. 273. 276 et 277; ci-dessous, p. 64, 71 et 73.
1_XVII-a Mémoires, t. II, p. 317 et suivantes (1742).
1_XVII-b L. c., p. 324.
1_XVII-c L. c., p. 4, 227, 228 et 278.
1_XVII-d Voyez ci-dessous, p. 119-142, nos 155-142.
1_XVIII-a Voyez ci-dessous, p. 194-196.
1_XX-a Voyez ci-dessous, p. 229.
1_XX-b L. c, p. 341, 345 et 348.
1_XX-c Voyez t. XXVI, p. 216, no52, et ci-dessous, p. 335; voyez aussi t. XII, p. 112, et t. XXV, p. 49.
1_XXII-a Voyez ci-dessous, p. 260, 263, 264, 274 et 277.
1_XXII-b Voyez t. XXVI, p. 570 et 571.
1_XXIII-a Voyez t. XXII, p. 167.
1_XXIII-b Voyez t. XX, p. 158; t. XXVI, p. 316; et ci-dessous, p. 115, 164, 229 et 389.
1_XXIII-c Voyez t. XXIII, p. 193 et 195; t. XXIV, p. 575. Le prince Guillaume fut nommé général-major le 20 mai 1770, et il mourut le 24 août suivant.
1_XXIII-d Voyez ci-dessous, p. 395.
1_XXIII-e Voyez t. VI, p. 24 et 25; t. XXVI, p. 45 et 46, nos 67 et 69; et ci-dessous, p. 391.
1_XXV-a Voyez t. III, p. 31 et 32.
1_XXV-b Voyez t. XXV, p. XVII, art. VIII, et p. 637 et suivantes.