10. A LA MÊME.
Ruppin, lundi 9 novembre 1733.
Ma très-chère sœur,
Ma lenteur à vous répondre, ma très-chère sœur, serait inexcusable, si je n'avais de très-légitimes raisons pour m'exculper, ayant attendu le Roi ici depuis samedi. Vous savez, ma très-chère sœur, que la réception d'un pareil Gast ne cause pas peu d'embarras. Enfin, il ne s'est résolu à venir que jeudi. A vous dire la franche vérité, j'ai la tête si remplie de la façon dont je veux préparer tout pour son arrivée, que je ne sais pas moi-même ce que j'écris. Je serai une bête jusqu'à samedi, que je compte aller avec lui à Berlin. C'est de là où j'espère que je pourrai vous écrire une lettre raisonnable, et vous assurer, ma très-chère sœur, que je vous aime plus que ma vie, ne cessant d'être, etc.
Le Roi vient ici pour me donner une terre qui vaut sept mille écus, et qui est bien belle.1_14-a
1_14-a Frédéric-Guillaume Ier avait commencé le 23 octobre 1733 à préparer l'acquisition de la terre de Rheinsberg, pour laquelle il fit présent à son fils de cinquante mille écus le 20 mars 1754. Voyez (C.-G. Hennert) Beschreibung des Lustschlosses und Gartens zu Rheinsberg, Berlin. 1778, p. 6. Dans une lettre du 2 novembre 1733, Frédéric remercie son père de l'achat de cette propriété.