131. A LA MÊME.
Charlottenbourg, 16 août 1743.
Ma très-chère sœur,
Je ne suis de retour de Silésie que depuis hier; ainsi je n'ai pu répondre qu'aujourd'hui à la lettre que vous avez eu la bonté de m'écrire. Sensible autant qu'on peut l'être à ce que vous avez eu la bonté de me dire de choses obligeantes, vous pouvez être entièrement persuadée que ces sentiments sont assurément réciproques de mon côté. Quoique je perde à ne point avoir la satisfaction de vous voir ici, je dois cependant me conformer aux raisons que vous me marquez, et, me renfermant entièrement dans mes désirs, borner mon impatience par l'espérance de vous voir une autre fois. Je suis bien aise de voir que vous me rendez justice sur les sentiments que j'ai pour vous. C'est sans doute moi qui ai fait le mariage de ma nièce et du jeune duc,1_133-a et c'est si bien moi, que j'ai promis une dot à votre fille. Je tiens le jeune duc ici comme un dépôt de la fidélité de sa mère, et peut-être que la mère, tracassière et changeante de son naturel, a voulu vous persuader qu'elle ne voulait tirer ses fils de Berlin que pour vous les donner; mais son véritable but a été de les envoyer à Strasbourg.
Je vous prie, ma très-chère sœur, de croire que les vieux amis sont toujours les meilleurs, et que les nouvelles amitiés ne sauraient jamais les égaler. Vous me ferez alors la justice d'être <119>persuadée de la tendresse et de la sincère amitié avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.
1_133-a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 322.