241. A LA MÊME.
Ce 24 (avril 1752).
Ma très-chère sœur,
J'ai été assez heureux que de recevoir deux de vos lettres aujourd'hui, avec celle du Margrave dans la dernière. C'est sur ce sujet que je me presse de vous répondre le premier. Vous pouvez bien croire, ma chère sœur, que je me prêterai avec plaisir à tout ce qui peut faire du plaisir aux deux margraves, et je crois même que ce renouvellement des vieux pactes1_239-a pourra rétablir une meilleure union entre vous et le margrave d'Ansbach, en détrompant ce dernier de toutes les chimères dont on l'a bercé. <212>C'est dans ce sens-là que j'ai répondu au margrave de Baireuth. Je connais Seckendorff depuis longtemps. Il passait pour un fat dans le temps qu'on l'appelait le Cardinal Nepote, et, depuis ce temps-là, je crois qu'il a ajouté à tant d'autres belles qualités une grande présomption, accompagnée de beaucoup de suffisance. Si la cour de Vienne lui paye une grosse pension, c'est assurément de l'argent mal employé, car lui et sa cour ne valent pas la peine d'être corrompus. Je suis charmé de ce que votre santé soit au moins passable. Je vous fais mille excuses de finir si brusquement, mais il faut que j'aille à Berlin; en vous embrassant mille fois, je vous prie de me croire, ma très-chère sœur, etc.
1_239-a Ces anciens pactes de famille, renouvelés le 24 juin 1752. sont connus sous le titre de Pactum Fridericianum. Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte. t. I, p. 406.