255. A LA MÊME.

Ce 13 (mars 1753).



Ma très-chère sœur,

Je me trouverais trop heureux, si je pouvais contribuer en quelque chose à votre bien-être; mon consentement, ma chère sœur, est bien peu; j'aurais dû vous assister plus réellement, mais malheureusement je ne suis pas encore en état d'en faire autant. Vous faites fort bien de vous arranger chez vous le mieux que vous le pouvez, en attendant que vous puissiez rebâtir votre maison; et comme vous n'avez point d'enfants, c'est fort bien pensé que de ne vous régler que sur vos besoins. Je me prépare à vous assister du peu qui dépend de moi; souve<225>nez-vous que, dans l'Écriture, le denier de la veuve fut le plus agréable.1_254-a Ici, le diable s'est incarné dans nos beaux esprits; il n'y a plus moyen d'en venir à bout. Ces gens n'ont d'esprit que dans la société; ils sont sévères sur leurs ouvrages pour ne point être critiqués par d'autres, et indulgents sur leur conduite, qui d'ordinaire est ridicule, et qu'ils croient ne point passer à la postérité. Je vous demande bien des excuses si je ne vous en dis pas davantage pour cette fois; mais j'ai encore tant d'affaires à finir, que je n'ai pas un moment à moi. Je suis avec la plus vive tendresse et la plus parfaite estime, ma très-chère sœur, etc.


1_254-a Evangile selon saint Marc, chap. XII, v. 41-43.