5. DE LA DUCHESSE DE BRUNSWIC.
Salzthal, 5 juillet 1740.
Mon très-cher frère,
La seule chose qui m'a fait prendre mon parti, c'est de savoir que j'avais un si bon frère, qui reprendrait en tout la place de père de famille; et je ne me suis point trompée, puisque j'apprends des effets merveilleux de votre bon cœur, ainsi que j'aurais grand tort si je voulais encore me laisser aller à la tristesse, surtout puisque vous avez la grâce de me marquer dans toutes vos lettres vos bontés pour moi. Conservez-les-moi, mon cher frère, c'est ce dont je vous supplie, car c'est toute ma consolation; et comptez que si vous me les retirez, vous serez la cause de ma mort. Le Duc serait parti sur-le-champ avec son frère pour le venir présenter; mais Marwitz1_385-a lui envoya une estafette où il lui écrivait qu'il avait reçu une de vos lettres pour le Duc, qu'il viendrait ici pour lui donner. Le Duc s'est imaginé qu'il avait peut-être des ordres que vous lui donniez, de manière qu'il doit lever les gens, et c'est ce qui est cause de l'arrêt de son voyage; il attend la poste d'aujourd'hui, pour apprendre encore vos ordres, et il se réglera d'abord après. Pour moi, je ressens, dans mon particulier, un contentement inexprimable d'avoir bientôt la joie de vous embrasser ici, et point de nouvelles ne me <343>pourraient être plus agréables, surtout de pouvoir vous assurer de bouche, mon très-cher frère, de la tendresse et du parfait attachement avec lesquels je suis jusqu'à la mort, etc.
1_385-a Lieutenant-général prussien. Voyez ci-dessus, p. 142.