7. A LA DUCHESSE DE BRUNSWIC.
Potsdam, 8 octobre 1743.
Ma très-chère sœur,
Celui qui aura l'honneur de vous rendre cette lettre est le sieur de Voltaire,1_387-d dont la réputation est si connue et si généralement établie, que tout ce que je puis vous en dire est superflu. Vous <345>pouvez croire que l'auteur de la Henriade est un honnête homme, que celui du Temple de l'Amitié1_388-a en connaît le prix, que celui de la Philosophie de Newton est profond, que celui de vingt tragédies est connaisseur des hommes, et que celui de la Pucelle joint à l'élégance le badinage ou les saillies les plus vives et les plus brillantes que l'humeur enjouée puisse produire. Vous ferez bien, ma très-chère sœur, de profiter de l'apparition de tant de talents. J'envie bien le plaisir qu'aura Voltaire; mais je m'oublie, et il m'arriverait l'aventure de l'âne et du petit chien.1_388-b Adieu, charmante sœur; conservez-moi quelque part dans votre amitié, et soyez persuadée que personne ne peut être avec des sentiments plus distingués ni avec plus de tendresse que votre très-humble serviteur et fidèle frère, etc.
1_387-d Voyez t. XXII, p. 164 et 167.
1_388-a Petit poëme de l'an 1732.
1_388-b La Fontaine, Fables, liv. IV, fable 5.