22. AU MÊME.
Le 17 décembre 1769.
Monsieur mon cousin,
Votre Altesse comprendra, sans que je le lui marque, combien je suis alarmé de la nouvelle qu'elle vient de me communiquer; je crains que ma nièce ne soit menacée d'une forte ébullition de sang, ou, ce que le ciel préserve! d'une fièvre pourprée. Ce sont ces assoupissements qui désignent qu'une matière acre et tenace engourdit les nerfs, qu'on n'en peut détacher que par des transpirations fortes, ou, si quelque pourpre s'en mêlait, il n'y aurait que l'usage réitéré du quinquina et des toniques qui pourrait la sauver. Je fais mille vœux pour sa conservation, de même que pour la vôtre, mon cher prince, en vous assurant de la parfaite estime et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.
23. AU MÊME.
Le 21 décembre 1769.
Monsieur mon cousin,
J'avoue à Votre Altesse que la nouvelle de ma nièce qu'elle me mande m'a étrangement frappé. J'ai été dans la ferme persuasion que ma nièce avait déjà eu la petite vérole, et que par conséquent cette funeste maladie n'était plus à craindre pour elle. Ce qui fait une plus forte impression sur mon esprit, c'est que son frère en est mort,a et qu'en vérité le plus habile médecin ne peut donner des espérances, dans cette affreuse maladie, que lorsque la fièvre de suppuration est passée. Je vous avoue, mon cher prince, que, aimant ma nièce comme si c'était ma fille
a Le jeune prince Henri de Prusse était mort le 26 mai 1767. Voyez t. VII, p. 52 et 53.