<34>

4. AU MÊME.

Berlin, 14 février 1740.



Mon cher frère,

La maladie du Roi va fort en empirant depuis quelques jours. Il est beaucoup plus mal qu'il n'a été, et l'on craint beaucoup que cela ne durera guère. J'attendrai encore quelques jours avant que d'en avertir ma sœur. Si elle n'est pas enceinte, elle me fera grand plaisir de venir ici. Je vous prie de la bien préparer à ce qui doit arriver, car assurément nous n'avons plus lieu de nous flatter de rien, et Keck, qui, dans les commencements, nous donnait encore quelque ombre d'espérance, ne nous promet plus rien à présent.

Adieu, mon cher frère; je vous prie de ne me point oublier, et d'être persuadé de la tendresse parfaite avec laquelle je suis, etc.

5. AU MÊME.

Berlin, 6 mars 1740.



Mon très-cher frère,

J'ai reçu votre lettre avec bien du plaisir. Je n'ai guère de bonnes nouvelles à vous apprendre. L'hydropisie du Roi va son train. Il n'y a pas d'apparence encore de convalescence, mais cela peut durer encore un bout de temps. Est-ce vous ou est-ce le Roi qui rendez ma sœur malade? Je présume qu'elle reprend ses incommodités de foie, qui lui sont périodiques depuis son mariage, et auxquelles vous avez toujours eu la plus grande part.

Je serais fort embarrassé, mon cher frère, que vous dire, sinon que M. Keck, voulant hier tâter le ventre du Roi, fit la culbute le plus galamment du monde. Il l'aurait pu faire, à la vérité, avec plus d'adresse, car il cassa un des pieds du lit du Roi.