1. A LA MARGRAVE ALBERT.
Quartier général d'Ohlau, 16 avril 1741.
Madame ma tante,
C'est avec une sensibilité extrême que je me vois obligé d'entretenir Votre Altesse sur le déplorable sujet de la mort inopinée du brave prince Frédéric son digne fils, qui vient de nous être enlevé dans la bataille de Mollwitz.2_3-a Je comprends une partie de la vivacité de votre douleur par celle que cette perte irréparable m'a causée; et plus j'ai connu et estimé ses belles et grandes qualités, plus je trouve de sujet de m'affliger avec V. A. d'un coup si fatal pour elle, pour moi et pour toute notre maison. Cependant vous agréerez, s'il vous plaît, que, en partageant votre juste tristesse, je l'envisage comme l'effet de la sainte volonté du suprême arbitre de la vie, en le suppliant de vouloir répandre sur le cœur accablé de V. A. ses consolations divines et efficaces, afin de la soutenir dans ces circonstances infortunées. Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour vous convaincre de la sincérité de ma compassion, et de la parfaite amitié avec laquelle je suis,
Madame ma tante,
de Votre Altesse
le très-bon et très-fidèle cousin,
Federic.
2_3-a Voyez t. II, p. 85, et t. XXVII. I, p. 113.