16. A LA LANDGRAVE DE HESSE-DARMSTADT.
Le 13 juin 1772.
Madame ma cousine,
Je suis bien aise, madame, de m'être si bien rencontré avec vos idées sur l'établissement d'une des princesses vos filles, qu'à présent je puis regarder cette affaire comme presque terminée. Quant au choix de ces princesses qu'on pourra faire, je crois qu'on se décidera pour celle dont l'âge est le plus conforme à celui du grand-duc; et d'ailleurs, madame, cela revient au même, pourvu que vous deveniez belle-mère d'un empereur de Russie. Vous me faites grand plaisir de m'apprendre que la communion grecque ne mettra aucun obstacle à cet établissement. Mon bon prince de Zerbst était plus rétif sur ce point, et quelque prêtre que je sus gagner en ce temps fut assez complaisant pour lui persuader <146>que le rite grec était pareil à celui des luthériens, et il répétait sans cesse : Luthersch griechisch, griechisch luthersch, das gehet an. Après quelques momeries et quelques misères de cette espèce, sa fille partit pour la Russie, et la voilà à présent impératrice, et grande impératrice. Je souhaite, madame, que les obscures destinées répondent aux vœux que je fais pour votre personne et pour les heureuses suites de cette grande affaire. Mon maquerellage sera bien récompensé, si, en menant votre fille pour la placer sur ce trône, vous me faites le plaisir de passer chez moi, et de me mettre à même de vous réitérer de vive voix les assurances d'amitié et de la véritable estime avec laquelle je suis, madame ma cousine, etc.