<276>le meilleur chemin pour sa retraite vers la Lusace. Il ne marcha que le 17, pour gagner Zittau, par des défilés et des chemins très-difficiles. Il laissa aux ennemis le temps d'occuper tous ces passages avec leurs troupes légères; aussi perdit-il, en se retirant, presque tout son équipage. Il arriva auprès de Zittau après Daun, de sorte que les autres occupaient les hauteurs, dont il ne put plus s'emparer. L'ennemi bombarda la ville, y mit le feu, la réduisit en cendres; tout ce que l'on put faire se réduisit à en retirer la garnison tant bien que mal. Mon frère se retira ensuite à Löbau sans perte, et de Löbau il marcha à Bautzen. Toutes ces fausses manœuvres m'obligèrent de changer de mesures; j'évacuai la Bohême sans perdre ni bagage, ni magasin, ni blessés. Je fis toute la diligence possible pour gagner Pirna, où je passai la rivière avec seize bataillons et vingt-huit escadrons, et je joignis l'armée de mon frère le 29 de juillet. Le maréchal Keith me suivit; le prince Maurice fut posté à Cotta, avec quatorze bataillons et vingt escadrons, pour couvrir l'Elbe, et le maréchal Keith marcha sur Bautzen.

Dans la fâcheuse situation où j'ai trouvé les affaires, il ne me restait de ressource que dans les partis violents. Pour bien juger de cette situation, il faut se rappeler ici le tableau général de l'Europe. Soixante mille Russes marchent contre la Prusse; un corps s'est emparé de Memel, la grande armée s'est retranchée à dix milles de la frontière, du côté de Kauen;a nombre de galères menacent les bords de la mer d'une descente. Lehwaldt se voit réduit à couvrir la capitale, et à attendre que quelqu'un de ces corps s'approche de lui, pour le battre. J'ai des nouvelles que le duc de Cumberland est battu, et que quarante mille Français de Westphalie marchent vers le pays de Halberstadt. Tout ce que j'ai pu faire, c'est de jeter les six bataillons de la garnison de Wésel à Magdebourg, de sorte qu'il s'y trouve dix bataillons. Le prince de Soubise marche du côté de Weimar pour tomber sur la Saxe; les Suédois ont déjà près de dix mille hommes à Stralsund. J'ai envoyé deux régiments d'infanterie à Stettin; il y a deux bataillons qui s'y trouvent actuellement; je lève, outre


a Voyez t. XXVI, p. 160.