II. APOLOGIE DE MA CONDUITE POLITIQUE. (JUILLET 1757.)
L'on dit ordinairement que les rois ne sont responsables de leur conduite qu'envers Dieu. Cela ne doit s'entendre que dans le sens illimité de leur pouvoir. Aucun prince ne peut les rendre responsables de leurs actions; les états du pays n'ont pas l'autorité de les interroger sur les motifs de leurs résolutions. Il n'en est pas moins vrai qu'un bon prince, sans déroger à sa dignité, peut et doit instruire le peuple, dont il n'est que le chef ou le premier ministre,a des raisons qui l'ont obligé de prendre un parti plutôt qu'un autre. Pour moi qui, grâce au ciel, n'ai ni l'orgueil qu'inspire le commandement, ni l'insupportable morgue de la royauté, je ne me fais aucun scrupule de rendre compte de ma conduite au peuple dont le hasard de la naissance m'a fait souverain. Mes intentions ont été pures, mes vues n'ont tendu qu'à assurer le repos et la tranquillité de l'État; j'ai la conscience si nette, que je ne crains point de penser tout haut et de montrer à découvert les ressorts les plus cachés de mon âme.
Tout le monde sait que les troubles qui déchirent l'Europe ont pris leur naissance en Amérique, et que la pêche de la mer-
a Voyez t. I, p. 142; t. VIII, p. 72, 190 et 335; t. IX, p. 225.