<107>à souhait et tel qu'on le désire; il faut y suppléer par l'art, remuer la terre, faire des redoutes avec des fougasses, et réduire l'ennemi à des points d'attaque. Les abatis sont bons quand on a le temps de les perfectionner; sans cela, ils ne valent rien. Quelque camp fort que l'on prenne, il faut supposer que l'ennemi peut marcher par sa droite ou par sa gauche, et, en ces cas, il faut avoir choisi d'avance un ou deux camps où l'on peut marcher dans le besoin, sans quoi, par ses marches, l'ennemi vous forcera au combat quand il le voudra.
DES DÉTACHEMENTS.
Lorsqu'on a vis-à-vis de soi beaucoup de troupes légères, on est forcé à faire des détachements pour couvrir sa ligne de défense, surtout pour protéger ses convois de vivres. Ces détachements doivent être forts; ceux qui sont à portée d'être soutenus de l'armée sont les meilleurs. On peut les hasarder davantage et les rendre plus forts lorsqu'on est éloigné de l'armée de l'ennemi; on n'ose guère les éloigner quand l'ennemi, avec son grand corps, se trouve dans le voisinage. Ces détachements doivent toujours se poster derrière des défilés et dans des terrains étroits, pour avoir le temps de se retirer ou du moins, s'il faut combattre, ne point être accablé par le nombre. Pour peu qu'il se trouve de proportion entre les troupes légères des deux armées, et que les gens du pays ne soient pas totalement contre vous, il faut que les détachements masquent leur défensive par des entreprises conduites avec sagesse sur les détachements et vivres des ennemis. En un mot, lorsqu'on se tient trop serré, l'ennemi forme sans soin des projets contre vous; lorsqu'on en forme contre lui, il pense à se précautionner contre vos entreprises, et cela le met sur la défensive.
DES VIVRES ET DES PRÉCAUTIONS QU'ILS EXIGENT.
Une armée est une multitude d'hommes qui veut être nourrie tous les jours;a cette nourriture consiste en bon pain, bonne
a Voyez ci-dessus, p. 10 et 18.