<114>le plan. La difficulté commencera après qu'on aura culbuté la première ligne d'infanterie; alors on trouve un village garni d'infanterie derrière laquelle la ligne battue de l'ennemi peut se rallier. Pour l'empêcher, il faut que notre cavalerie victorieuse tourne d'abord après avoir chassé celle de l'ennemi, pour gagner les derrières de ce village. Il faut, de plus, y attirer votre réserve, et, s'il faut de nécessité attaquer le village, prendre des troupes fraîches de la seconde ligne, qui n'ont point été dans le feu, pour l'exécuter. Dès que vous aurez emporté le village, la bataille est gagnée, et il ne s'agit que de poursuivre chaudement l'ennemi.
Par cette disposition (plan VI), l'on voit que l'ennemi a garni le front de sa cavalerie de chevaux de frise, ainsi que les trois quarts de son armée, qu'à son centre il a une ou deux grosses batteries, qu'à sa gauche il a trente compagnies de grenadiers en première ligne, soutenues en seconde des Hongrois le sabre à la main et six hommes de hauteur, et qu'il a couvert sa cavalerie de la gauche de chevaux de frise. Je n'examine pas si cette disposition est bonne ou vicieuse, mais on n'a qu'à voir ma disposition, et l'on en jugera facilement. On voit que, jusqu'à six cents pas de l'ennemi, je masque mes colonnes d'infanterie derrière la cavalerie; à six cents pas, elles entrent entre les régiments, et tirent le canon en avançant sur la cavalerie ennemie. Si celle-là tient, et laisse devant soi ses chevaux de frise, mon infanterie se déploie et l'abîme avec le feu du canon et des petites armes; si la cavalerie s'impatiente et retire ses chevaux de frise pour attaquer, la mienne fait la carrière, et doit la battre, ayant toujours derrière elle ces colonnes d'infanterie pour la soutenir. Si la cavalerie ennemie est battue, ces bataillons se déploient, et prennent l'infanterie ennemie dans le flanc. Quant à l'infanterie, si les grenadiers autrichiens laissent attaquer leurs Hongrois à la turque, je fais sortir par ma droite deux escadrons, et deux par la gauche du front d'attaque, pour les prendre en flanc, et j'ai encore deux escadrons en seconde ligne pour repousser ce qui pourrait pénétrer, sans compter que mon gros canon en fera un grand meurtre. Ensuite la cavalerie victorieuse n'a qu'à prendre à dos la seconde ligne de l'ennemi, et je suis sûr qu'il sera battu sans grande peine.