<115>Cette disposition (plan VII) est plus raisonnée, plus masquée, et par conséquent plus forte que la précédente. Le front et le flanc de l'infanterie sont couverts de chevaux de frise; la cavalerie est placée devant des carrés d'infanterie entourés de chevaux de frise. Cette cavalerie doit se retirer, en cas que notre cavalerie fasse une attaque sur elle, pour que les attaquants, mis en confusion par ce feu d'infanterie, rebroussent chemin, et qu'alors ils puissent revenir sur ceux qui les ont attaqués. Mais comme il faut tout considérer et mettre à profit dans les dispositions de l'ennemi, leurs chevaux de frise nous sont d'un grand avantage, à cause que cette ligne doit avoir une peine infinie d'avancer. Voici ce que je propose pour attaquer cette armée. Je fais abstraction du terrain; qu'on l'entame par la droite ou la gauche, c'est égal, selon que le terrain paraît le plus favorable. Ma disposition est d'attaquer par la droite; mon infanterie, à six cents pas de l'ennemi, perce la cavalerie; je laisse une colonne de deux bataillons sur l'aile, avec quatre canons, les huit autres bataillons, chacun déployé sur deux lignes, devant la cavalerie, farcis de canons.

La cavalerie ennemie souffrira si fort du feu des canons et petites armes de mon infanterie, qu'elle sera obligée de prendre un parti, savoir, celui d'attaquer mon infanterie ou de s'enfuir. Si elle attaque mon infanterie, je n'en suis pas embarrassé; son feu la défendra d'un côté, et ma cavalerie est à portée de la soutenir de l'autre; j'ai dix bataillons dont celui de la gauche de la seconde ligne peut toujours couvrir le flanc, en cas que l'ennemi l'attaque. Mais il est plutôt à supposer que, comme la cavalerie a reçu l'ordre de se retirer derrière ses carrés d'infanterie, elle le fera; en ce cas, il faut attaquer la dernière redoute de l'ennemi la première, ensuite la seconde, et faire, en attendant, tirer tout le canon de ces détachements, tant sur les redoutes que sur la cavalerie qui est derrière. Après que l'on a emporté deux redoutes, la cavalerie, avec une quinzaine d'escadrons, peut choquer, et il faut que toute l'aile la suive. Après la cavalerie ennemie renversée, notre seconde ligne de cavalerie doit tourner sur le corps de bataille de l'ennemi et le prendre à dos, et la droite de mon infanterie doit joindre le corps qui a forcé les carrés, pour tourner l'infanterie ennemie et lui donner en flanc.