<117>versions qui le forcent d'abandonner les projets qu'il avait formés; surtout si on peut l'obliger à changer sa disposition, on peut compter que la bataille est à demi gagnée, parce que sa force consiste dans son assiette fixe, et si je l'oblige à remuer ses troupes, le moindre mouvement en rompt l'ensemble et détruit la force de sa disposition.

On voit par le plan ci-joint (VIII) que le poste de l'ennemi est excessivement fort, et que le seul endroit par où il est attaquable est celui où il a placé ses chevaux de frise. Supposons donc qu'il fallût absolument l'attaquer, cela ferait une affaire de poste purement et simplement. Voici mon projet : on voit que je forme ma première ligne d'infanterie, que, vis-à-vis de l'endroit que je veux attaquer, je forme au-devant deux lignes d'infanterie, que je détache à chaque aile deux bataillons destinés pour attaquer ou masquer les deux redoutes des deux flancs de l'attaque, que mes deux batteries à bombes doivent y jeter dessus sans discontinuation, pour favoriser l'assaut du corps qui attaque; l'infanterie doit faire tirer beaucoup son canon en avançant vers la ligne; elle doit marcher un bon pas et ne tirer que lorsqu'elle se trouve sur les chevaux de frise de l'ennemi, et si elle parvient à déposter l'infanterie ennemie, elle doit s'approprier ses chevaux de frise et s'y tenir jusqu'à ce que la cavalerie arrive; alors elle se met en colonne, et la laisse déboucher pour charger l'ennemi. Une trouée comme celle-là, faite dans un poste, oblige l'ennemi à en abandonner tout le front; alors vous pouvez y entrer avec toute votre armée, et agir ensuite selon que les circonstances l'exigent. Mais mon avis est qu'on ne saurait mettre assez de vigueur et de vivacité dans des moments où un ennemi commence à se mettre en désordre, pour achever sa déroute.

On voit, par toutes ces dispositions différentes de combats, combien les circonstances obligent à varier les dispositions, et qu'un tertre ou un marais bourbeux ne doivent pas être négligés, pour peu qu'on puisse s'en servir. Le point principal est de soutenir toujours une arme par l'autre, de fortifier la cavalerie par l'infanterie et le canon, et d'avoir toujours de la cavalerie à portée de soutenir l'infanterie. Je ne dois pas omettre que, dans toutes les occasions où les combats ne s'engagent qu'en un en-