<120>qu'avec la cavalerie; mais si le terrain par où marche l'ennemi ne convient qu'à l'infanterie, comment ma cavalerie pourra-t-elle agir? C'est donner trop au hasard que d'entamer ces sortes d'expéditions à la légère. Mais si les armées campent à deux ou trois milles les unes des autres, il est impossible de joindre celle de l'ennemi, si elle marche par sa droite ou par sa gauche, à moins que son mouvement ne tende qu'à s'approcher de vous. En ce cas-là, et si vous jugez convenable d'engager une action, vous pouvez marcher à la rencontre de l'ennemi; 1o savoir si ce terrain où il veut camper vous est favorable; 2o partir de nuit pour ne pas arriver trop tard; 3o engager l'affaire sans délai et brusquement. Mais en ce cas, et après cette marche de nuit que vous aurez faite, il vous sera très-difficile de poursuivre cet ennemi, si vous venez à bout de le battre, et la poursuite est plus nécessaire et plus utile que la bataille même.

DE LA POURSUITE.

Il y a trois sortes de poursuites : poursuites de détachements, poursuites d'ailes d'armée, poursuites d'armées entières. Celles de la première espèce doivent se faire avec prudence; surtout, plus le détachement est faible, et plus il doit appréhender des embuscades. Si c'est un corps détaché de l'armée qui poursuit un corps détaché de l'armée ennemie, il doit craindre, s'il le presse trop, qu'il sera secouru de son chef, et par conséquent craindre l'approche de ces secours, qui de victorieux pourraient le rendre vaincu. C'est donc à la prudence de l'officier qui commande ce détachement à prévoir ce qui peut arriver, à observer le terrain, s'il est propre à des embuscades, et à arrêter l'ardeur de ses troupes, s'il a lieu de craindre ou l'arrivée des secours ennemis, ou quelque piége que le fuyard prendra lieu de lui tendre à la faveur d'un terrain propre à seconder ses vues. La poursuite d'une aile victorieuse engage à des considérations à peu près semblables. Il faut que les officiers de cavalerie sur lesquels roule cette besogne aient l'esprit présent, et qu'ils se gardent de poursuivre trop chaudement la cavalerie ennemie, s'ils voient ou des haies, ou des villages garnis d'infanterie; dans tous les autres