<123>de se retrancher; mais s'il faut attaquer un retranchement, il faut se résoudre le joui que l'ennemi commence à y travailler, ou n'y point penser du tout, à cause que chaque moment que vous perdez est autant de gagné pour lui, dont il profite pour se rendre plus redoutable. La principale attention dans ce qui concerne l'attaque même est de profiter du terrain, des ravins ou des fonds pour masquer à l'ennemi l'endroit par lequel on veut faire son plus considérable effort, pour qu'il ne puisse point y porter des troupes.
DES GRANDES PARTIES DE LA GUERRE.
PROJETS DE CAMPAGNE ET RÉSOLUTIONS A PRENDRE SUR DES MOUVEMENTS DE L'ENNEMI, POUR RECONNAITRE SES FAUSSES DÉMONSTRATIONS DES VÉRITABLES, POUR SE GARANTIR DE SES TROUPES LÉGÈRES. etc.
PROJETS DE CAMPAGNE.
Les projets de campagne se règlent sur les forces que l'on a, sur celles de l'ennemi, sur la situation des pays où l'on veut porter la guerre, et sur l'état actuel de la politique de l'Europe. Si l'on veut faire la guerre, il faut savoir si l'on est supérieur à son ennemi, soit en nombre, ou en valeur intrinsèque des troupes; si le pays que l'on veut attaquer est ouvert, ou couvert d'une rivière, ou montueux, ou rempli de places fortifiées; si vous avez des rivières pour faciliter le transport de vos vivres, ou s'il les faut faire conduire par chariots; si vous avez des places fortes vers cette frontière, ou en quoi consiste votre ligne de défense. Il faut savoir, de plus, quels sont les alliés de ce prince, sur quoi roulent les traités qu'il a faits avec eux, à quel point montent leurs forces, s'ils donneront des auxiliaires, ou s'ils agiront par diversions. Toutes ces connaissances sont nécessaires pour pouvoir établir avec fondement l'état de la guerre; mais ces points importants sont traités à la légère par les ministres, qui n'agissent pour la plupart qu'avec passion, qui entreprennent une guerre par un mouvement de vanité ou par un désir de cupidité aveugle, ou même par haine et par animosité. Quiconque lit l'histoire, je