<133>ment, avec le temps, de s'en former d'artificielle. On pourrait facilement former un ou deux régiments de déserteurs français, et trouver de vieux officiers qui ont été enveloppés dans la dernière réduction, pour les commander. Ces gens ne doivent faire que des partis, soit pour inquiéter des grand' gardes, des détachements, soit pour enlever de petits corps mal postés, en un mot, le service de compagnies franches. Mais voici le grand obstacle, et qui, dans les États de la Reine, donnera toujours la supériorité à ses troupes légères sur les nôtres : c'est la faveur du pays, volontaire ou contrainte, ce qui fait que notre armée ne se trouve avertie de rien, et que les ennemis ont d'abord vent du moindre petit détachement qui sort de notre camp. Nous ne pouvons pas nous garantir contre les espions dans leur pays, à cause que l'armée est obligée de vivre, et que, parmi le nombre de ceux qui nous vendent des denrées, il y a sûrement de ces sortes de gens; que les grand'gardes aient toute la vigilance possible, comment connaîtront-ils un espion, et comment le distinguer d'un autre paysan? Cela donc étant impossible, on se voit obligé de faire une guerre serrée, de n'envoyer que des détachements forts hors de l'armée, et de n'eut reprendre qu'à coup sûr. Dans le cours d'une campagne, on n'a guère à appréhender de l'effort des troupes légères; le butin est leur objet, et, quoi que fassent leurs généraux, on ne leur fera jamais perdre l'inclination du pillage. Deux mois de campagne en rétabliront la routine sur le pied que cela était la dernière guerre. Il ne résulte donc d'avantage de ces troupes légères, pour la reine de Hongrie, que de fatiguer nos troupes par les escortes et les fourrages, où nous sommes obligés d'employer le triple de troupes qu'eux; mais il en résulte un bien très-grand pour notre armée : c'est que ces escarmouches continuelles l'aguerrissent et lui font mépriser les dangers, que nos officiers se forment, tandis que nos ennemis, dans un camp tranquille, sont comme dans leur garnison, et sentent une impression bien plus vive à l'approche d'une bataille que nos troupes, que des escarmouches continuelles familiarisent avec le danger. Ces troupes légères peuvent donc être nuisibles seulement dans un cas, qui est celui des retraites, et encore faut-il