<140>Vienne, attirera toutes ses forces de ce côté-là, et, Olmütz pris, votre armée sera destinée à prendre Prague et à tenir la Bohême en respect; après quoi, que les Russes ou qui que ce soit vienne, je serai en état de détacher tant qu'il le faudra.

Quant à ce qui regarde votre armée, le commencement de la campagne doit être une défensive; vous pourrez rassembler votre armée du côté de Dresde, où vous le voulez. Vous connaissez tous les camps que j'ai fait reconnaître là-bas, dont vous pourrez choisir celui qui vous conviendra le mieux. Comme il est nécessaire d'avoir de bonnes nouvelles, et qu'il ne faut rien épargner en espions, Borckea a ordre de vous fournir tout l'argent dont vous aurez besoin.

Je défends expressément tout conseil de guerre pour vos opérations; je vous donne plein pouvoir d'agir comme vous le trouverez bon, de vous battre, de ne vous point battre, en un mot, de prendre en toutes les occasions le parti que vous croirez le plus avantageux et le plus conforme à l'honneur. La manière dont les Français viennent d'être chassés doit naturellement faire changer de mesure aux Autrichiens pour leur plan d'opérations. Comme il m'est impossible de le deviner à présent, je ne saurais vous rien dire, sinon que votre armée doit défendre la Saxe, empêcher l'ennemi d'y pénétrer avant, et se borner à cet objet jusqu'à ce que nous ayons pris Olmütz, où vous trouverez toutes les facilités pour agir. Vous ne négligerez aucune occasion pour nuire à l'ennemi; surtout il faut être attentif à rompre ses mesures d'avance, et ne lui point laisser tranquillement exécuter ses projets. Si cette armée est obligée de se retirer pour se joindre aux Autrichiens, vous aurez de belles occasions pour engager des affaires d'arrière-garde, peut-être aussi des batailles où vous ne risquez rien, si l'ennemi est obligé de gagner la Moravie. Vous aurez les généraux Itzenplitz et Hülsen dans l'infanterie, dont vous pouvez bien vous servir; dans la cavalerie, vous aurez Driesen, et j'en enverrai encore quelque bon, ensuite Kleist, de


a Frédéric-Guillaume de Borcke, ministre d'État et, pendant la guerre de sept ans, chef du directoire général de la guerre (General-Feld-Krieges-Directorium), à Torgau. Voyez t. XXVI, p. 204.