<157>à leurs troupes, comme je viens de le dire, pour tirer parti de tous les avantages du terrain. Ils ont un soin extrême de placer chaque arme dans le lieu qui lui est propre; ils ajoutent la ruse à tant d'art, et vous présentent souvent des corps de cavalerie, pour séduire le général qui leur est opposé à faire de fausses dispositions. Je me suis cependant aperçu dans plus d'une occasion que, toutes les fois qu'ils rangent leur cavalerie en ligne contiguë, ce n'est pas leur intention de la faire combattre, et qu'ils ne s'en veulent servir effectivement que lorsqu'ils la forment en échiquier. Remarquez encore, s'il vous plaît, que si vous faites charger cette cavalerie au commencement de l'action, la vôtre, qui la battra sûrement, donnera, pour peu qu'elle la poursuive, dans une embuscade d'infanterie où elle sera détruite; et il s'ensuit que, en attaquant cet ennemi dans un poste, il faut refuser sa cavalerie du commencement, ne se point laisser séduire par de fausses apparences, ne point exposer les hommes de cheval, soit au feu des petites armes, soit à celui du canon, qui leur fait perdre leur première ardeur, et ménager cette troupe pour réparer le combat ou pour l'employer à la poursuite de l'ennemi, où l'on en lire le plus grand service.

Nous avons vu pendant toute cette guerre l'armée autrichienne rangée sur trois lignes, entourée et soutenue de celle immense artillerie. Sa première ligne est formée au pied des collines, dans un terrain presque uni, mais qui conserve assez de hauteur pour descendre de là en douce pente, en forme de glacis, du côté d'où l'ennemi peut venir. Cette méthode est sage; c'est le fruit de l'expérience, qui montre qu'un feu rasant est plus formidable qu'un feu plongeant. De plus, le soldat, sur la crête du glacis, a tout l'avantage de la hauteur, sans en éprouver les inconvénients. L'assaillant, qui est à découvert, et qui avance de bas en haut, ne lui peut nuire par son feu, au lieu que celui qui est posté a l'avantage d'un feu rasant et préparé. S'il sait faire usage de ses armes, il détruira l'ennemi qui avance, avant qu'il puisse l'approcher; s'il repousse l'attaque, il peut poursuivre l'ennemi, secondé par le terrain, qui se prête à ses divers mouvements; au lieu qu'une première ligne postée sur une éminence ou sur une colline trop escarpée n'ose en descendre, de crainte de se rompre,