<164>tous au même but. On doit s'appliquer, ce semble, à détruire l'ennemi en détail; qu'importe de quels moyens on se sert, pourvu que l'on gagne la supériorité?

L'ennemi fait nombre de détachements. Les généraux qui les mènent ne sont ni également prudents, ni ne sont circonspects tous les jours. Il faut se proposer de ruiner ces détachements l'un après l'autre. Il ne faut point traiter ces expéditions en bagatelles, mais y marcher en force, y donner de bons coups de collier, et soutenir ces petits combats aussi sérieusement que s'il s'y agissait d'affaires décisives. L'avantage que vous en retirez, si vous réussissez deux fois à écraser de ces corps séparés, sera de réduire l'ennemi sur la défensive; à force de circonspection, il se tiendra rassemblé, et vous fournira peut-être l'occasion de lui enlever des convois, ou même d'entreprendre avec succès sur sa grande armée.

Il s'offre encore à l'esprit d'autres idées que celles-ci. J'ose à peine les proposer dans les conjonctures présentes, où, accablés par le poids de toute l'Europe, contraints de courir la poste avec des armées, soit pour défendre une frontière, soit pour voler au secours d'une autre province, nous nous trouvons contraints à recevoir la loi de nos ennemis au lieu de la leur donner, et à régler nos opérations sur les leurs.

Comme cependant les situations violentes ne sont pas de durée, et qu'un seul événement peut apporter un changement considérable dans les affaires, je crois vous devoir découvrir ma pensée sur la façon d'établir le théâtre de la guerre.

Tant que nous n'attirerons pas l'ennemi dans des plaines, nous ne devons pas nous flatter d'emporter sur lui de grands avantages; mais dès que nous pourrons le priver de ses montagnes, de ses forêts et des terrains coupés dont il tire une si grande utilité, ses troupes ne pourront plus résister aux nôtres.

Mais où trouver ces plaines? me direz-vous. Sera-ce en Moravie, en Bohême, à Görlitz, à Zittau, à Freyberg? Je vous réponds que non, mais que ces terrains se trouvent dans la Basse-Silésie, et que l'insatiable ardeur avec laquelle la cour de Vienne désire de reconquérir ce duché l'engagera tôt ou tard d'y envoyer ses troupes. C'est alors que, obligés de quitter les postes,