<100>DES CAMPEMENTS VIS-A-VIS DE L'ENNEMI, OU L'ON MARCHE PAR SA DROITE OU PAR SA GAUCHE.
Les marches qui se font proche de l'ennemi sont les plus difficiles, et demandent le plus de précaution; car, en supposant qu'un ennemi actif voulût profiter du décampement, il faut tout prévoir, pour n'être pas battu en marche. Nous traiterons premièrement des marches qui se font par la droite ou par la gauche.
Ire RÈGLE. On doit, avant de les entreprendre, envoyer des officiers du quartier général reconnaître les lieux et les chemins avec de petites patrouilles, ainsi que le camp qu'on veut prendre, le nombre des colonnes dont on pourra faire usage, et surtout les postes qu'on pourra occuper en marche, supposé que l'ennemi vienne attaquer l'armée. C'est sur ces notions bien exactement détaillées que la disposition doit se faire.
II. On renverra en arrière le gros bagage d'avance, à deux milles derrière le camp qu'on voudra prendre. Ce bagage doit marcher sur autant de colonnes que le terrain en pourra fournir. Supposons donc qu'on veuille prendre une position vers la gauche de l'ennemi.
III. Dès lors on doit envoyer la veille de la marche, dès qu'il fait obscur, pour occuper les endroits les plus considérables, postes que l'on pourrait prendre en marche, en cas que l'on fût attaqué. Ces corps doivent s'y former selon les règles, et ne les abandonner que lorsque 1 armée les a passés. Ils seront donc tous mis sur la droite, entre l'ennemi et les colonnes dont ils font l'arrière-garde, si tout se passe tranquillement.
IV. Quelque quantité de chemins qu'il y ait, l'armée ne marchera que sur deux lignes par la gauche; et tout ce qu'on pourra trouver de chemins, d'ailleurs, sur la gauche seront pour le menu bagage et les chevaux de bât. On met tous ces chevaux de côté en pareille occasion, pour se dégager de cet embarras, qui pourrait donner lieu à la confusion, au cas que l'armée fût obligée de combattre.
V. Si l'ennemi veut engager une affaire, la première ligne