<109>DES MARCHES DE CORPS QUI VONT D'UNE ARMÉE A L'AUTRE POUR Y PORTER DES SECOURS.
Ces sortes de marches peuvent se faire en cantonnement, parce que l'armée que vous quittez vous couvre, parce que vous irez beaucoup plus vite en cantonnant qu'en marchant en colonne, parce que vous ménagerez vos subsistances. Des troupes qui marchent en colonne ne feront tout au plus que quatre milles par jour; celles qui vont par cantonnement en pourront faire cinq, et être moins fatiguées que les autres. Quand vous approchez de l'armée que vous voulez joindre, marchez en colonne, et campez, pour plus de sûreté, les deux dernières marches; et, s'il se peut, dérobez votre jonction à l'ennemi, afin qu'il soit plus surpris en l'apprenant, et que cela vous facilite le moyen de lui porter quelque coup décisif. Voilà comme nous avons fait toutes ces marches de jonction durant la dernière guerre.
DES MARCHES POUR ENTRER DANS LES QUARTIERS D'HIVER.
Lorsque la saison assez avancée ne permet plus de tenir la campagne, il faut penser à donner du repos aux troupes dans des quartiers d'hiver. On commence par régler le cordon qui doit couvrir ces quartiers, où l'on place le nombre de troupes destinées à cet emploi. Le reste de l'armée entre en cantonnement resserré par lignes; et à mesure que l'ennemi se retire en arrière, on en fait autant de son côté, en élargissant les troupes à mesure qu'elles se retirent, et leur faisant, pour leur commodité, occuper plusieurs villages, jusqu'à ce qu'elles arrivent dans les quartiers qui leur sont destinés, où elles doivent être au large. Il y a une autre façon de prendre des quartiers avec les troupes, qui est de leur donner pour lieu de ralliement le point central de leurs quartiers, où ceux qui ont occupé les extrémités arrivent