<112>cela ne l'empêcha pas qu'il ne rassemblât tous les matins l'armée en ordre de bataille, ne marchât en colonne pour combattre, et que par sa prudence et ses bonnes précautions il obligeât non seulement l'ennemi de vider la province, mais encore il ruinât une partie de leurs troupes, et établît ses quartiers d'hiver dans les lieux mêmes qu'ils avaient occupés.
COMMENT CES DIFFÉRENTES MARCHES DOIVENT SE RÉGLER.
Le plan de ce que le général veut entreprendre est la base sur laquelle les dispositions doivent être réglées. Quand on est dans son propre pays, on a tous les secours possibles, tant des cartes détaillées que des habitants, qui peuvent vous donner toutes les notions nécessaires; alors l'ouvrage devient facile. Vous avez votre ordre de bataille. Si l'on marche en cantonnements, vous suivez cet ordre, et vous placez chaque brigade le plus près qu'il se peut ensemble, chaque ligne dans les règles. Si l'on est loin de l'ennemi, chaque régiment doit avoir la route qu'il doit faire, et le général de brigade non seulement la route de ses régiments, mais encore la liste des villages où ils doivent cantonner. Dans le pays ennemi, cela devient plus difficile. On n'a pas toujours des cartes assez détaillées du pays; on ne connaît qu'imparfaitement la force des villages. Ainsi, pour rectifier ce qu'il y a de défectueux, il faut que l'avant-garde rassemble des gens des villes, des bourgs et des hameaux, pour les envoyer au quartier-maître général, afin qu'il rectifie par leur moyen le brouillon de disposition de marche qu'il a dressé sur la simple inspection de la carte. Si l'armée campe, il faut, aussitôt qu'on est entré dans le camp, faire reconnaître tous les chemins qui y aboutissent. Si l'on séjourne, il faut, à l'aide des patrouilles, envoyer des quartiers-maîtres et des dessinateurs pour croquer les chemins et les situations, afin qu'on n'agisse pas en aveugle, et qu'on se procure d'avance toutes les notions dont on a besoin. C'est ainsi qu'on peut de même faire reconnaître d'avance les camps où