<114>lier ceux qui conduisent les troupes, leur promettre une récompense s'ils vous mènent par le meilleur chemin et le plus court à l'endroit où l'on veut se rendre, mais aussi leur assurer qu'on les pendra sans pardon, s'il leur arrive de vous égarer. Ce n'est qu'avec sévérité et avec force qu'on peut obliger les Moraves et les Bohémiens à s'acquitter de ces sortes d'offices. On trouve, dans ces provinces, des habitants dans les villes; mais les villages sont déserts, parce que les paysans se sauvent, avec leur bétail et leurs meilleurs effets, dans les forêts ou dans le fond des montagnes, et laissent leurs habitations vides. Leur désertion cause un très-grand embarras. D'où prendre les guides, si ce n'est d'un village à un autre? Il faut alors recourir aux villes, tâcher de trouver quelques postillons ou, à leur défaut, des bouchers qui rôdent les campagnes, et auxquels les chemins sont connus; il faut de plus obliger les bourgmestres de vous fournir des guides, sous peine de brûler les villes, s'ils ne s'en acquittent pas bien. On peut encore recourir aux chasseurs qui sont au service de la noblesse, et auxquels les environs sont connus. Mais, de quelque espèce que soit le genre des guides, il faut les contenir par la peur, et leur annoncer les traitements les plus rigoureux, s'ils s'acquittent mal de leur commission. Il est encore un moyen plus sûr de se procurer la connaissance du pays : c'est d'engager, en temps de paix, quelques-uns de ses habitants qui en aient une intelligence entière; ceux-là sont sûrs, et par leur moyen l'on peut gagner, en entrant dans cette province, d'autres gens qui facilitent et vous allégent la besogne par le détail du local dont ils vous procurent les connaissances. Les cartes, pour l'ordinaire, sont assez exactes pour les terrains de plaines, quoiqu'on y remarque souvent l'omission de quelque village ou de quelque hameau; mais la connaissance qui importe le plus est celle des bois, des défilés, des montagnes, des ruisseaux guéables ou marécageux, des rivières guéables; et c'est cependant ce dont il faut nécessairement être le mieux au fait, ainsi que des terrains qui ne sont que prairies, et de ceux qui sont marécageux. Il faut encore distinguer en cela les saisons de l'année, qui changent par leur sécheresse ou par leur humidité la nature de