<116>ment, et l'on arrange la marche des colonnes avec beaucoup plus d'exactitude que si l'on n'a que des idées confuses du terrain sur lequel on doit agir. Pour obvier à cet inconvénient, il faut se procurer les meilleures cartes que l'on puisse avoir des pays où l'on croit que se pourra faire la guerre. Si l'on peut faire des voyages sous d'autres prétextes, pour examiner les montagnes, les bois, les défilés et les passages difficiles, pour les bien observer et s'en imprimer la situation, il faut les entreprendre. Il est nécessaire qu'un gentilhomme qui se dévoue à ce métier ait beaucoup d'activité naturelle, pour que le travail ne lui coûte pas. Dans chaque camp, il doit s'offrir lui-même à reconnaître les environs, par le moyen de petites patrouilles, aussi loin que l'ennemi voudra le permettre, afin que si le général qui commande l'armée a résolu de faire un mouvement, les chemins et les contrées lui soient connus autant que possible, qu'il ait observé les endroits propres à camper les troupes, et que, par son application à son métier, il facilite an général les grandes opérations qu'il a projetées, tant pour les marches que pour les campements. Il doit s'appliquer à faire rassembler des gens du pays, pour en tirer les notions qui lui sont nécessaires; mais il doit remarquer, comme je l'ai dit dans l'article précédent, qu'un paysan ou un boucher n'est pas soldat, et qu'autre est la description que fait d'un pays un économe, un voiturier, un chasseur, ou un soldat. Il faut donc que, en interrogeant ces espèces de gens, il se souvienne sans cesse qu'ils ne sont pas militaires, et qu'il faut rectifier leurs dépositions en entrant avec eux dans une discussion détaillée des lieux pris sur la carte, et selon les chemins où l'armée doit marcher. Je dois observer encore qu'il faut bien prendre garde, en arrangeant la marche des troupes, de ne donner jamais plus d'un quart de mille d'Allemagne de distance entre chaque colonne, principalement quand c'est dans le voisinage de l'ennemi, afin que les troupes soient à portée de se prêter mutuellement des secours. Il faut surtout que, dans cette proximité des ennemis, les quartiers-maîtres redoublent de soins et d'exactitude, pour que, par leur travail, le général ait du moins un brouillon du terrain où il veut manœuvrer, soit pour faire ses dispositions