<132>dère comme un prince dangereux, contre lequel il faut être sur ses gardes. Il est mal à la cour de Russie; il est sur le point de se brouiller avec la France. Il ne peut avoir d'allié que l'Angleterre, dont le fort épuisement de la guerre présente empêchera la nation pour longtemps de fournir des subsides à quelque puissance que ce soit. D'autre part, les Turcs ont proposé de faire une alliance avec la Prusse et la Russie, et si la France s'y joint, la prépondérance des forces est toute de ce côté-ci. Mais comme l'affaire n'est point terminée, il y aurait de la légèreté de compter sur une chose à faire comme sur une chose faite. Bornons-nous donc à examiner ce qu'il convient de faire dans le cas le plus difficile, parce que moins d'obstacles on rencontre, plus faciles en deviennent les opérations.
La première assemblée de l'armée autrichienne sera probablement dans les mêmes emplacements qu'elle a tenus l'année 1778. Mais comme cette armée est augmentée de quatre-vingt mille hommes, et que l'Empereur se propose d'agir, dès la rupture, avec toutes ses forces, nous verrons préalablement la distribution qu'il en fera.
Il aura en Gallicie un corps de quarante mille combattants, à Bilitz quinze mille, sans doute vingt mille auprès de Heydepiltsch; en voilà soixante-quinze mille. Il n'aura pas moins de cent mille hommes dans son camp depuis Königingrätz vers Arnau, quarante mille vers Neuschloss et sur les frontières de la Lusace, et vingt-cinq mille à Éger; total, deux cent quarante mille hommes, au nombre desquels on compte son armée. Les Prussiens peuvent mettre en campagne cent soixante-six mille hommes, les Saxons vingt mille, et les Russes en ajouteront bien autant, de sorte qu'on pourrait leur opposer deux cent six mille combattants. Ils auraient donc la supériorité de trente-quatre mille combattants. Cela n'est pas une affaire qui doive intimider, parce que, ces corps étant séparés, on peut en défaire les uns, sans qu'on ait à les combattre tous à la l'ois. Reste à présent à considérer quels ménagements il faut garder à l'égard de la position des Autrichiens, et quelles précautions elle nous oblige à prendre; car ce serait une étourderie de faire de belles choses d'un côté, tandis qu'on perd le double d'un autre.