<143>d'une armée. Quant aux fourrages, on en trouve partout, ou bien à fourrager, ou bien recélés dans les granges, et de plus, en avançant vers le Danube, la Bavière serait en état de fournir tout ce qui manquerait à l'armée. Du côté de la Silésie, après la prise de Brünn, je serais d'avis d'y établir des magasins et de n'avancer, cette campagne, que jusque sur les bords de la Taya, à Znaim, Nikolsbourg et autres endroits, où l'on pourrait opposer à l'ennemi une tête de quartiers d'hiver. En ruinant les environs d'Olmütz à quatre milles à la ronde, et en y laissant quelques troupes pour la bloquer de loin, on l'affamerait pendant l'hiver, et la réduirait, le printemps suivant, à se rendre sans grande résistance. Je dois ajouter à ceci, pour rendre hommage à la vérité, qu'il n'est pas apparent que toutes les expéditions que je propose ici réussissent aussi parfaitement que je le suppose; mais il reste toujours certain que, en adoptant de vastes projets, on va plus loin que si l'on se borne à des vues resserrées et peu étendues.
J'ai fait l'esquisse de ce projet en supposant que nous n'avons d'alliés que les Russes et les Saxons, parce que je n'ai rien voulu supposer de plus que ce qui existe en réalité à présent. Mais joignons pour un moment les Turcs aux opérations que nous proposons; voilà au moins quarante mille Autrichiens employés contre eux, qui ne pourront pas combattre contre la Prusse. Joignons-y encore les Français en Flandre; il faudra au moins trente mille Autrichiens, joints avec les Hollandais et les Anglais, pour s'opposer aux efforts des Français. Ajoutons à ceci une diversion dans le Milanais, opérée par les troupes françaises et sardoises, où les Autrichiens seront obligés d'opposer au moins trente mille hommes. Résumons ces corps ensemble : contre les Turcs quarante mille, en Flandre trente mille, clans le Milanais trente mille, font cent mille hommes. Déduisez ce nombre de deux cent quarante mille dans lequel consiste leur armée, il n'en reste que cent quarante mille à opposer aux Prussiens, et ces derniers, avec leurs alliés, mettent cent quatre-vingt mille hommes en campagne. Il résulte donc de ce calcul que, en opposant aux troupes de l'Empereur des forces égales de tous les côtés, les Prussiens ont quarante mille hommes en sus, qu'ils peuvent em-