<26>portée du feu de mon ennemi. L'aile qui a été le plus près de l'ennemi se replie ensuite derrière celle que j'ai refusée; ainsi celte aile refusée devient ma ressource, et me couvre lorsque je suis battu. Si donc je bats l'ennemi, ma victoire en devient plus brillante, et si je suis battu, ma perte en est bien moins considérable. Examinez le plan, il vous en donnera l'intelligence. Voyez le plan XXVI.
ARTICLE XXIII. DE LA MEILLEURE MÉTHODE DE DÉFENDRE A L'ENNEMI LE PASSAGE D'UNE RIVIÈRE.
Autant de fois qu'on se mettra derrière une rivière pour la défendre, on en sera la dupe, parce que l'ennemi, à force de finasser, trouve tôt ou tard un moment convenable pour vous dérober son passage. Vous dépendez alors souvent de l'activité ou de l'intelligence d'un officier qui fait la patrouille. Si vous séparez vos troupes pour en garnir les endroits les plus dangereux du fleuve, vous risquez d'être battu en détail. Si vous êtes ensemble, le moins qu'il puisse vous arriver est de vous retirer avec confusion pour vous choisir un autre poste, et vous avez perdu dans l'un et l'autre cas la gageure, car vous n'avez pas pu empêcher l'ennemi d'exécuter ce qu'il s'était proposé.
Je rejette donc cette ancienne méthode d'empêcher le passage d'une rivière, que l'expérience condamne, et j'en propose une plus simple et plus sûre; quand elle est exécutée par un habile général, elle évite l'inconvénient d'être surpris par l'ennemi, d'être averti trop tard, et surtout celui de partager son attention, qui, selon moi, est le plus grand de tous. Un plan simple, que vous avez dans la tête, doit renverser tous les projets de l'ennemi.
Voici donc ce que je propose : c'est que la seule façon de défendre une rivière est de l'avoir derrière soi. Il faut avoir une bonne communication établie de l'autre côté; il faut pour le moins avoir deux ponts dont les têtes sont retranchées, et se poster en delà, un demi-mille, dans un camp qu'il faut bien faire