<61>quittent les tentes et habitent sous les maisons, de faire ouvrir les fenêtres dans les quartiers, pour que la différence du grand air succède imperceptiblement à la chaleur des fourneaux, ce qui donne lieu, sans cette précaution, à des maladies inflammatoires, et l'on doit conserver le vieux fantassin le plus que l'on peut, parce que, dans l'infanterie, il faut trois ans aux soldats pour se former.
Ceux qui font la chaîne des quartiers d'hiver doivent surtout se précautionner contre les surprises, parce que c'est ce qu'ils ont le plus à craindre. Si leurs bataillons sont dans les villages, il faut d'abord travailler à empalissader l'enceinte, et faire quelques flèches devant les entrées des villages. Voilà pourquoi le Roi recommande tant aux officiers d'infanterie l'étude des fortifications, parce qu ils ne peuvent s'en passer dans le cours d'une campagne.
Sont-ce des montagnes qu'on occupe, on y construira de distance en distance, selon le terrain dominant, des redoutes et intérieurement des Blockhäuser. Ces redoutes doivent être entourées de palissades, les unes d'échalas entremêlés de pieux dans cette forme , pour qu'il soit impossible à l'ennemi de les escalader; car un officier qui se trouve à la chaîne des quartiers d'hiver doit surtout prévoir toutes les espèces de surprises que l'ennemi peut imaginer contre lui. Est-on derrière une rivière, il faut, en hiver, ouvrir les glaces pour empêcher les ennemis de passer. Je ne parle pas des patrouilles de cavalerie, qu'il faut avoir jour et nuit au champ pour avertir du moindre mouvement des ennemis, ni des espions, dont on doit avoir nombre, pour que, si l'un manque, l'autre puisse donner des nouvelles. Si la chaîne n'est pas trop inquiétée, et que le service n'y soit pas trop dur, il faut que le commandeur exerce son corps autant que les circonstances le lui permettent, parce que sa gloire est attachée à la bonté de sa troupe, et plus il la conserve dans son intégrité, plus il peut s'assurer de sa réputation.
Pour les troupes qui entrent en quartiers d'hiver, on leur prescrit la même méthode pour veiller à la santé des soldats, et l'on regarde tout commandeur qui ne ramène pas sa troupe au camp avec la discipline introduite en temps de paix, comme un mauvais sujet et dont l'armée doit se défaire le plus tôt possible.