<77>en Bohême, et se contentera de donner de fréquentes jalousies à l'ennemi, comme si son dessein était de pénétrer dans ce royaume à la première occasion. Ses partis pourraient aller du côté de Dux, de Teplitz, et s'étendre dans le cercle de Saalz, et peut-être pousser jusqu'à l'Éger. La grande armée de Silésie, après que ses mesures seront toutes prises, ira se camper entre Troppau et Jägerndorf, prenant sa position entre ces deux villes. Rien ne confirmera davantage l'ennemi dans l'opinion que les Prussiens passeront les montagnes pour s'avancer vers Olmütz; alors il faut qu'on se porte par Hultschin, Fulnek et Weisskirch; par ce détour, on évite et les défilés des montagnes, et les mauvais passages de la Mora, et on entre par la plaine en Moravie. Alors les dépôts de vivres doivent s'établir à Fulnek, soit à Weisskirch, dans laquelle de ces deux villes il conviendrait le mieux, y faire des fortifications de campagne, en y ajoutant des fougasses, pour que les subsistances ne courussent aucun risque. L'armée doit se porter de là sur Prérau ou sur Cremsier. Il est apparent que l'ennemi, se voyant tourné par les Prussiens, abandonnera en hâte les montagnes et la Mora. Il est difficile de deviner quel poste il choisira pour prendre une position; mais, selon toutes les apparences, il se déterminera à défendre la Morawa, qu'il mettra au-devant de son front. Cette rivière est difficile à passer, à cause de ses bords marécageux, et il est probable que ce sera la première chicane de l'ennemi que d'en disputer le passage; mais enfin il y a moyen à tout, et, selon les apparences, dès que les Prussiens auront passé cette rivière, les deux armées en viendront aux mains. Si les succès favorisent les armes de la Prusse, il faut tirer de cette victoire tout le parti possible en poursuivant chaudement l'ennemi jusqu'aux premiers défilés considérables que l'on rencontrera. Cela fait, il faut détacher un corps pour enlever toutes les moissons, bestiaux et vivres autour d'Olmütz, à trois milles de distance de la ville, et faire briser tous les fourneaux des maisons, tant pour ôter ces subsistances à la place que pour empêcher la garnison, l'hiver d'après, à faire des sorties sur les troupes qui seront chargées de la bloquer. L'armée autrichienne battue cherchera probablement un asile sous les canons de Brünn; il ne faut point la laisser tranquille, mais tâcher de