AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
Frédéric parle avec satisfaction, dans ses Mémoires et dans ses lettres,I-a des travaux auxquels il se livra, dès la paix de Hubertsbourg, dans le but de perfectionner l'instruction de son armée. Il commença par réunir autour de lui l'élite de ses officiers, soit afin de les initier aux secrets du plus difficile des arts,I-b soit pour encourager et distinguer le mérite partout où il le trouvait.I-c Potsdam devint ainsi une véritable académie militaire. Mais le Roi ne se borna pas à donner des directions pratiques à ceux qui servaient sous ses ordres; il écrivit pour eux jusqu'à la fin de sa vie, en mettant à profit l'expérience qu'il avait acquise dans ses campagnes. Les principaux fruits de ces travaux sont d'abord l'article, Des principes fondamentaux de la guerre, inséré dans le Testament politique (inédit) du 7 novembre 1768, puis les huit ouvrages dont se compose ce volume, le second de la série militaire, et dont nous allons parler en détail.
<X>I. ÉLÉMENTS DE CASTRAMÉTRIE ET DE TACTIQUE.
Frédéric fit imprimer ce traité simultanément en français et en allemand; mais l'original est en français. Il est intitulé : Éléments de castramétrie et de tactique (sans lieu d'impression), MDCCLXXI. C'est un grand in-quarto, portant au frontispice une vignette gravée par Schleuen; il se compose d'un Avant-propos de six pages, d'une Table des matières de même étendue, que nous donnons telle que le Roi l'a faite,II-a et de quatre-vingt-six pages de texte, avec trente-sept plans qui tous présentent des notes explicatives, en partie très-détaillées. On lit à la fin de l'article XXXVIII et dernier : Sans-Souci, ce 12 novembre 1770, et plus bas la signature : Federic. La traduction est intitulée : Grundsätze der Lager-Kunst und Tactic (sans lieu d'impression), 1771, quatre-vingt-quatorze pages grand in-quarto, avec la vignette de Schleuen et trente-sept plans. L'ouvrage est daté : Sans-Souci, den 12. November 1770, et signé Friderich.
On s'est servi pour cette traduction des mêmes planches que pour l'original. Seulement on a enlevé les notes explicatives qui y étaient gravées en français, et, après les avoir traduites, en ayant soin que les caractères allemands tinssent précisément la même place que le texte français, on a artistement collé le nouveau texte de chaque planche à l'endroit d'où l'on avait enlevé l'ancien. Le tout a été exécuté avec une rare habileté.
L'édition française et l'édition allemande ont probablement été imprimées toutes deux au château, par G.-J. Decker, imprimeur du Roi.
En envoyant la première à son frère Ferdinand, l'Auteur lui écrivit, le 3 mars 1771 : « J'ai travaillé cet hiver à un Essai de tactique et de castramétrie pour mes généraux. Cet ouvrage vient d'être imprimé, et je vous prie, mon cher frère, d'en accepter un exemplaire. J'espère que vous prendrez toutes les précautions pour qu'on n'en tire point de copie, et qu'il ne tombe en aucune main étrangère, car cela est fait pour nos officiers, et non pas pour éclairer nos ennemis. »II-b Le Roi recommande de même le secret le plus in<XI>violable au lieutenant-général de Ramin, en lui adressant, le 3 mars 1771, l'édition allemande, pour les généraux et les officiers d'état-major de la garnison de Berlin.III-a
Le mot de castramétrie ne se trouve pas dans le Dictionnaire de l'Académie. Frédéric l'a employé dans le t. IX, p. 232 : « Ce qui restera éternellement stable dans l'art militaire, dit-il, c'est la castramétrie, ou l'art de tirer le plus grand parti possible d'un terrain pour son avantage. » Il l'explique ci-dessous, p. 58, par le terme de l'art des campements. Cependant il s'est servi ailleurs (t. IX. p. 201) de l'expression plus exacte de castramétation.
Les deux éditions des Éléments, distribuées à un petit nombre d'exemplaires, sont très-rares et très-peu connues. Notre texte reproduit l'original de 1771. Quant aux trente-sept plans que l'auguste auteur y a ajoutés, Sa Majesté le Roi a décidé, comme pour les Principes généraux de la guerre (t. XXVIII, p. IX), que nous tirerions parti des planches originales conservées aux archives de l'état-major général de l'armée, sans y faire aucun changement. Nous en formons la seconde section de l'atlas qui accompagne les Œuvres militaires.
Il a paru, en 1801, une contrefaçon très-imparfaite des Grundsätze der Lager-Kunst, sous le titre de : Geheime strategische Instructionen Friedrichs des Zweiten an seine General-Inspecteurs. Mit 31 illuminirten Plans. Leipzig, librairie Baumgärtner (sans millésime), quarante-quatre pages grand in-4. L'éditeur, omettant tout le traité proprement dit, n'a donné que les notes explicatives qui se trouvent sur les planches de l'original allemand. Une seconde édition de cette contrefaçon mutilée a paru en 1815, trente et un plans et huit pages de texte.
Dans son journal, Zeitschrift für Kunst, Wissenschaft und Geschichte des Krieges, t. 78, M. L. Blesson a publié en 1800, comme inédits, les Grundsätze der Lager-Kunst und Tactic, sous le titre de : Instruction König Friedrichs des Zweiten an Seine General-Inspecteurs. Les plans y manquent.
<XII>II. AVANT-PROPOS.
Nous devons cet Avant-propos inédit (du 5 octobre 1771) à feu madame la comtesse d'Itzenplitz-Friedland, qui en possédait l'autographe. Frédéric y parle de l'Extrait que cet écrit devait précéder, mais il n'en indique ni l'auteur, ni le titre exact, de manière que nous ne savons quel est cet ouvrage. L'Avant-propos renferme même un passage qui nous fait douter si l'original de l'Extrait est en français ou en allemand. Il est du reste possible que ce dernier n'ait pas été imprimé, car, malgré toutes nos recherches, il nous a été impossible de le découvrir.
III. RÈGLES DE CE QU'ON EXIGE D'UN BON COMMANDEUR DE BATAILLON EN TEMPS DE GUERRE.
Cette pièce inédite provient de la collection de feu madame la comtesse d'Itzenplitz-Friedland. Le texte que nous suivons, copié par un secrétaire, a été revu par le Roi lui-même, qui a mis de sa main, à la marge des pages 3, 8 et 20, trois nota benè pour attirer l'attention sur trois additions insérées par lui à la dernière page. La première de celles-ci (p. 64) commence par les mots « On sait, » et se termine par « ou tué auparavant; » la seconde (p. 67) va de « C'est une règle » à « dans votre troupe; » et la troisième (p. 72) de « Affaires de retraite » à « et l'arrêter. » Frédéric a écrit au revers de la dernière feuille les mots : « Ayez la bonté de faire recopier ceci avec les additions. FR. »
Pour la date des Règles, nous la trouvons dans l'ordre de Cabinet que voici : « Mein lieber General-Lieutenant von Ramin, Ich hahe Euch hierbeigehende »
« Regeln, nach welchen ein guter Commandeur eines Bataillons zur Zeit
des Krieges handeln soll, »
« in der Absicht zufertigen wollen, dass Ihr solche denen sämmtlichen Bataillons-Commandeurs Eurer Inspection communiciren und zugleich, diese « Regeln » sichganz eigentlich bekannt zu machen, dabei <XIII>aber äusserst geheim zu halten, von Meinetwegen aufgeben, auch selbige Eurerseits gehörig secretiren sollet. Ich bin, etc. Potsdam, den 30. April 1773. Friderich. »V-a
Nous croyons devoir ajouter à ce qui précède l'ordre suivant du gouverneur de Berlin, date du 4 juillet 1780 : « Da Ihro Königliche Majestät dem Gouverneur die Bücher von denen « Grundsätzen der Lager-Kunst und Tactic, » die « General-Principia vom Kriege, » imgleichen die « Regeln, nach welchen ein guter Commandeur eines Bataillons zur Zeit des Krieges handeln soll, » wieder zugeschickt haben, so können die Herrn Generals und Stabs-Officiers solche gegen Quittung zum Durchlesen, aber nicht zum Abschreiben, abholen lassen. »V-b
M. le major Charles Zabeler, chef de bataillon au Service d'Anhalt-Dessau, a eu la bonté de nous donner une copie de la traduction allemande de l'ouvrage qui nous occupe, traduction citée dans les deux ordres de 1773 et de 1780. Ce texte allemand, transcrit sur une copie conservée parmi les papiers de feu M. le comte Victor-Amédée Henckel de Donnersmarck, est le seul que nous connaissions. L'article qui commence (p. 65) par les mots : « Comme dans les campagnes, » et finit par « répéter sa leçon, » a été omis dans la traduction, ainsi que le Résumé de ces régles, ajouté à la fin de l'original.
IV. RÉFLEXIONS SUR LES PROJETS DE CAMPAGNE.
Feu madame la comtesse d'Itzenplitz-Friedland possédait deux manuscrits originaux de cet ouvrage : 1o l'autographe de l'auteur, signé Federic, et portant plus bas, à gauche, les mots : « Scriptum in dolore, 1er décembre 1775; » 2o une copie faite par un secrétaire, et corrigée par le Roi. Notre texte reproduit l'autographe, mais nous tirons parti des corrections de la copie.
Il avait paru antérieurement une édition assez exacte de cet écrit, sous le titre de : Réflexions sur les projets de campagne par Frédéric II, roi de Prusse. On y a joint un Mémoire raisonné du duc <XIV>de Brunswic touchant la campagne de 1792. A Tubingue, chez J.-G. Cotta, 1808, soixante-onze pages in-8. On lit dans l'Avis au lecteur placé en tête de cette édition : « C'est la première fois que cet ouvrage de Frédéric II, roi de Prusse, parait dans le public. Il ne se trouve pas dans les Œuvres posthumes de cet illustre auteur. Il est vrai qu'il a été imprimé en 1770; mais le Roi ne l'a communiqué qu'à peu de personnes. »
Nous regrettons de n'avoir jamais vu cette édition de 1776.
Les Réflexions sur les projets de campagne sont une amplification détaillée du sujet traité dans le second article des Principes généraux de la guerre (t. XXVIII, p. 8-18), qui est intitulé : Des projets de campagne. Les Pensées et règles générales pour la guerre (l. c, p. 138-141) renferment aussi un article Projets de campagne.
V. DES MARCHES D'ARMÉE, ET DE CE QU'IL FAUT OBSERVER A CET ÉGARD.
Il existe deux manuscrits de cet ouvrage, qui appartenaient à feu madame la comtesse d'Itzenplitz-Friedland : 1o l'autographe de l'Auteur, de douze pages in-4, daté : Sans-Souci, 22 octobre 1777, et signé Federic; 2o une copie sans date, de trente-huit pages in-4, corrigée par le Roi lui-même, qui fit imprimer son ouvrage sous le titre : Des marches d'armée, et de ce qu'il faut observer à cet égard. A Berlin, chez G.-J. Decker, imprimeur du Roi, 1777, soixante-deux pages in-8. Nous ne connaissons que deux exemplaires de cette édition, l'un appartenant à M. Rodolphe Decker, l'autre, « Ex bibliotheca Augustissimi Regis Friderici Wilhelmi III, » conservé à la Bibliothèque royale de Berlin.
Le 12 novembre 1777, Frédéric donna un exemplaire de ce livre au prince Frédéric de Brunswic-Oels, et lui écrivit à cette occasion : « Mon cher neveu, je vous envoie un ouvrage sur les marches, que mes quartiers-maîtres m'ont demandé. »
Le texte imprimé dans les Œuvres de Frédéric II, roi de Prusse, publiées du vivant de l'auteur, A Berlin, 1789, t. III, p. 417-452, a subi de nombreuses corrections de la part des éditeurs. Le nôtre reproduit l'édition originale de 1777. <XV>L'article XVII des Principes généraux de la guerre (t. XXVIII, p. 57-63) est intitulé : De toutes les marches qu'une armée peut faire.
VI. PROJET DE CAMPAGNE.
Cette pièce, de la main de Frédéric, deux pages in-4, sans date ni signature, se trouve dans sa correspondance avec son frère le prince Henri (Archives de l'État, F. 108. B), parmi les lettres du mois d'avril 1778. L'Auteur en fait mention dans ses Mémoires de la guerre de 1778 (t. VI, p. 162), en ces termes : « Le projet de campagne que le Roi avait formé était bien différent de celui qu'il fallut exécuter, » etc.
Le Projet de campagne est imprimé aux pages 38 et 39 de la Correspondance de Frédéric avec le prince Henri faisant suite à l'ouvrage de M. de Schöning, Der Bayersche Erbfolgekrieg. Son texte offre quelques variantes. Le nôtre est l'exacte reproduction de l'autographe.
VII. INSTRUCTION POUR LE PRINCE HÉRÉDITAIRE DE BRUNSWIG.
Le prince Henri, frère du Roi, ne pouvant plus supporter les fatigues d'une campagne, exprima, le 3 décembre 1778, le désir de déposer son commandement (t. XXVI, p. 531). Le 13 décembre, Frédéric nomma à sa place le prince héréditaire de Brunswic général en chef de son armée de Saxe; plus tard il lui donna cette Instruction, écrite de sa main et datée de Breslau, 16 janvier 1779. Notre texte est copié sur l'autographe conservé aux Archives du duché de Brunswic.
Quant au Prince héréditaire, voyez t. XXVII. II, p. V, note a, et ci-dessous, p. 97.
<XVI>VIII. RÉFLEXIONS SUR LES MESURES A PRENDRE AU CAS D'UNE GUERRE NOUVELLE AVEC LES AUTRICHIENS, EN SUPPOSANT QU'ILS SUIVENT LA MÊME MÉTHODE D'UNE DÉFENSIVE RIGIDE COMME DANS LA DERNIÈRE CAMPAGNE DE 1778.
Frédéric ne croyait pas que la paix de Teschen fût durable; il avait même conçu cette opinion avant de la conclure (t. XXVI, p. 539). Cette idée l'engagea à former des projets pour l'avenir, et lui inspira entre autres ces Réflexions. L'autographe de cette pièce inédite, composé de huit pages in-4, et daté du 28 septembre 1779, est conservé aux Archives de l'État (t. VI, p. 1), de la direction desquelles nous tenons notre texte.
Berlin, 25 mars 1856.
J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.
I-a Voyez t. VI, p. 106-108; t. XX, p. 148.
I-b Voyez t. VI, p. 110.
I-c Voyez t. XXIV, p. 399 et 400, et La Motte Fouqué, Ernst Friedrich Wilhelm Philipp von Rüchel, Berlin, 1828, t. I, p. 27 et suivantes.
II-a L'indication des plans, dans la table, ne reproduit pas toujours exactement les titres qui se trouvent sur les planches. Il y a entre autres une méprise complète dans le titre du no XXIV.
II-b Voyez t. XXVI, p. 644.
III-a Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich des Grosse, eine Lebensgeschichte, t. II, p. 464 et 465.
V-a Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, p. 243 et 244, no 20.
V-b Voyez Aus alten Parolebüchern der Berliner Garnison zur Zeit Friedrichs des Grossen, von A. von Witzleben, Berlin, 1851, p. 84.