<103>Winterfeldt remporta un avantage complet sur eux. Spleny se sauva avec ses hussards, après avoir perdu trois cents hommes et son bagage. Winterfeldt ne crut point en avoir fait assez : il continua sa poursuite, et rencontra le lendemain deux mille hussards postés le dos contre un marais; il les jeta dans ce marais, où la plupart périrent ou furent pris. Ces avantages commencèrent à donner aux hussards prussiens un ton de supériorité sur ceux de la Reine. Le colonel Wartenberga des hussards battit encore un gros d'insurgents auprès de Kreuzbourg, et les dissipa entièrement.

Pendant ce préambule de guerre le printemps s'avançait, le mois d'avril tirait vers sa fin; il était temps de rassembler l'armée : elle entra dans des quartiers de cantonnement entre Patschkau et Frankenstein. On prépara des chemins pour quatre colonnes, et des cantonnements à Jägerndorf, à Glatz et à Schweidnitz, comme les lieux vers lesquels l'ennemi devait déboucher des montagnes. Les magasins que les Autrichiens avaient formés, les lieux où leurs troupes réglées commençaient à s'assembler, dénotaient assez leurs desseins, pour comprendre que ces insurgents et ces Hongrois qu'ils avaient dans la Haute-Silésie, devaient donner le change aux Prussiens, pour les attirer de ce côté, et que leur grande armée pénétrerait en Silésie par Landeshut. Ce projet n'était pas répréhensible en lui-même; il ne manqua que par l'exécution.

Si les Prussiens avaient partagé leurs forces pour faire face à l'ennemi de tous côtés, ils auraient été trop faibles pour frapper un grand coup sur la grande armée du prince de Lorraine; et s'ils restaient assemblés, cette multitude de troupes légères qui ne trouvait rien qui l'arrêtât, les aurait affamés à la longue en leur coupant les vivres. Le plus sûr parti était donc celui de demeurer en force, mais en même temps de hâter la décision de cette crise par l'engagement d'une affaire générale. Les mesures furent prises pour évacuer la Haute-Silésie vers la fin de mai, à l'exception de la forteresse de Cosel. Les magasins de Troppau


a Hartwig-Charles de Wartenberg, lieutenant-colonel dans le régiment de hussards no 3, devint colonel et chef de ce régiment le 20 avril 1745, trois jours après la mort du colonel Hyacinthe de Malachowski.