<104>et de Jägerndorf furent transportés à Neisse : M. de Rochow couvrit ce convoi avec douze cents chevaux et un bataillon de grenadiers; quatre mille Hongrois, moitié hussards, moitié pandours, l'attaquèrent sans pouvoir l'entamer : la cavalerie y fit la première expérience de ses nouvelles manœuvres, et en éprouva la solidité.
Il était nécessaire d'inspirer de la sécurité aux ennemis, pour que leur présomption les rendît négligents dans l'expédition qu'ils méditaient. A ce dessein, le Roi se servit d'un homme de Schönberg qui était un double espion : il le fit largement payer; après quoi, il lui dit que le plus grand service qu'il pût lui rendre, serait de l'avertir à temps de la marche du prince de Lorraine, pour qu'il pût se retirer à Breslau avant que les Autrichiens eussent débouché des montagnes; pour induire encore plus cet espion en erreur, on fit accommoder des chemins qui menaient à Breslau. L'espion promit tout; il eut nouvelle de ces chemins, et s'empressa de rejoindre le prince de Lorraine, pour lui apprendre que tout le monde s'en allait, et qu'il ne trouverait plus d'ennemis à combattre.
Comme Landeshut devenait alors l'objet principal de l'attention, le Roi détacha le général Winterfeldt pour qu'il observât de ce poste les mouvements des Autrichiens; il eut quelques bataillons et deux régiments de hussards de Ruesch et de Bronikowski avec lui. Il ne tarda pas à se signaler : il défit auprès de Hirschberg huit cents Hongrois commandés par un partisan nommé Patatic, et fit trois cents prisonniers. Nadasdy, pour venger cet affront imprimé à la nation hongroise, marcha à la tète de sept mille hommes, pour attaquer auprès de Landeshut Winterfeldt, qui n'avait que deux mille quatre cents hommes sous lui. Après un combat de quatre heures,a l'infanterie hongroise fut totalement défaite, et dans le moment que Nadasdy se disposait à faire sa retraite, arrive le général Stille à la tête de
a Le 22 mai 1745. Le général de Stille, dans son ouvrage anonyme Les Campagnes du Roi, avec des réflexions sur les causes des événements, (Sans lieu d'impression) 1762, in-8, p. 190, dit que le combat eut lieu le 23 mai; cette date est inexacte : le 23 était le lendemain de l'affaire, et le jour où le colonel de Winterfeldt fut nommé général-major en récompense de sa brillante action de la veille.