<116>Jägerndorf,d et une infinité d'officiers que leur grand nombre nous empêche de nommer, s'y firent un nom immortel. Cette belle action se fit en même temps que la droite des Prussiens se portait sur le flanc du prince de Lorraine; cela rendit la confusion de ses troupes totale : tout se débanda et s'enfuit dans le plus grand désordre vers les montagnes. Les Saxons prirent leur retraite par Seifersdorf; le corps de bataille des Autrichiens se sauva par Kauder; et leur aile, par Hohenfriedeberg, où, pour leur bonheur, Wallis et Nadasdy étaient venus pour couvrir leur retraite : les Prussiens les poursuivirent jusque sur les hauteurs de Kauder, où ils s'arrêtèrent pour prendre quelque repos.

Les trophées que les Prussiens remportèrent en cette journée consistèrent, en fait de prisonniers, en quatre généraux, deux cents officiers et sept mille hommes; en fait de drapeaux, timbales, canons, etc. en soixante-seize drapeaux, sept étendards, huit paires de timbales et soixante canons. Le champ de bataille était jonché de morts; les ennemis y perdirent quatre mille hommes, parmi lesquels il y avait quelques officiers de marque. La perte de l'armée prussienne en morts et blessés allait à peine à dix-huit cents hommes. Quelques officiers, qui devinrent dans cette journée les victimes de la patrie, en méritèrent les regrets : parmi eux on compte le général Truchsess,a les colonels Massow, Kahlbutz et Düring.b


d Voyez ci-dessus, p. 119.

a Frédéric-Sébastien-Wunibald comte Truchsess-Waldbourg, lieutenant-général et chevalier de l'Aigle noir, chef du régiment d'infanterie no 13 : il naquit en Prusse en 1689. Voyez t. II, p. 126.

b Frédéric-Guillaume-Adolphe de Düring était capitaine dans le 1er bataillon de la garde, avec le titre de lieutenant-colonel.
     Dans son Épître à Stille le Roi dit :
     

Schwerin, Truchsess, Düring, vous perdîtes la vie;
Votre sort glorieux est digne qu'on l'envie.

Félix-Bogislas de Schwerin, colonel de la garde, qui se trouve célébré dans ces vers comme l'une des victimes de Hohenfriedeberg, est passé sous silence dans le manuscrit de l'Histoire de mon temps, bien qu'il ait été blessé mortellement à cette même bataille.
     Le colonel Gaspard-Frédéric de Kahlbutz était commandeur d'un bataillon de grenadiers.
     Ewald-Wedig de Massow, colonel dans le régiment d'infanterie du général-major comte de Hacke, no 1 de la Stammliste de 1806.