<127>prince de Conti, qui devait appuyer cette déclaration, était déjà disparue : c'était un aveu tacite de son impuissance, qui lui aliéna le cœur de tous ses alliés. Les ministres de Brandebourg et de l'Électeur palatin remirent un mémoire à la diète, lequel demandait l'examen de trois points : 1o si les ambassadeurs invités par l'électeur de Mayence étaient habiles pour donner leur suffrage? 2o si leurs cours avaient toute la liberté requise selon la bulle d'or? 3o si quelques-uns ne s'en étaient pas privés eux-mêmes, ou par des promesses, ou par vénalité? Le premier de ces points regardait l'ambassadeur de Bohême, qui ne devait point être admis; le second désignait l'ambassadeur palatin, dont le secrétaire avait été enlevé par les Autrichiens aux portes de Francfort; et presque tout le collège électoral se trouvait dans le troisième cas. Ils finirent en protestant contre l'assemblée de la diète, qui serait censée illégale jusqu'au redressement de ces griefs, et se retirèrent. Comme une mauvaise démarche en entraîne une autre, la cabale autrichienne passa pardessus toutes les bienséances; et, sans avoir égard pour ces protestations, le jour de l'élection fut déterminé au 13 de septembre. Le Brandebourgeois et le Palatin se retirèrent à Hanau, en protestant contre cette assemblée illicite et schismatique, dont les résolutions et les opérations devaient être regardées comme nulles.

Le Grand-Duc fut élu le 13 de septembre, au grand contentement du roi d'Angleterre et de la reine de Hongrie. Restait à savoir s'il convenait mieux au Roi de reconnaître simplement le nouvel Empereur, ou de lui rompre entièrement en visière, en déclarant qu'il ne reconnaissait ni élection ni élu. Ce prince tint un juste milieu entre ces deux partis : il garda un profond silence, parce qu'il ne pouvait mettre la France en action pour renverser ce qui s'était fait à Francfort, et qu'en second lieu reconnaître l'Empereur sans nul besoin, c'aurait été se priver à la paix du mérite d'une complaisance qu'on pouvait alors faire valoir.

La reine de Hongrie jouissait déjà paisiblement à Francfort du spectacle de cette couronne impériale qu'elle avait placée avec tant de peine sur la tête de son époux; elle laissait la représentation à l'Empereur, et réservait pour elle l'autorité; même elle n'était pas fâchée qu'on remarquât que le Grand-Duc était le