<149>avait sous ses ordres n'avaient point attaqué les États héréditaires du Roi, mais seulement de nouvelles acquisitions. Le ministère de Dresde se berçait avec ces sortes de raisonnements captieux, comme si de petites distinctions scolastiques étaient des motifs assez puissants pour justifier l'illégalité de ses procédés. Rien de plus facile que de réfuter, etc. " Et de celui qui suit : " Il paraît que c'était enfin ici le terme de la patience et de la modération du Roi; mais Sa Majesté ayant compassion d'un peuple voisin, innocent des offenses qu'elle a reçues, et connaissant les malheurs et les désolations inévitables qu'entraîne la guerre, suspendit encore les justes effets de son ressentiment, pour tenter de nouvelles voies d'accommodement avec la cour de Dresde. Il y a lieu de présumer, après ces nouveaux et derniers refus qu'elle vient de recevoir, que la confiance du roi de Pologne a été surprise par l'indigne perfidie de ses ministres : les représentations les plus pathétiques et les offres les plus avantageuses ont été prodiguées en pure perte. " Il faut avouer que Brühl était vivement attaqué dans ces passages, et que personne ne pouvait s'y méprendre; car les ministres, qu'on nommait au pluriel, étaient plutôt ses commis que ses égaux. Ce rapport parut d'autant plus vrai, que le Roi connaissait le caractère du comte de Brühl et l'arrogante fierté de l'Impératrice-Reine. Si le projet des Saxons était dangereux pour la Prusse, il n'était pas moins hasardeux pour la Saxe : mais les passions, et surtout le désir de la vengeance, aveuglent si fort les hommes, qu'ils sont capables de tout risquer dans l'espérance de se satisfaire.
Mais cette crise violente demandait un prompt remède. L'armée du prince d'Anhalt reçut ordre de s'assembler sans perte de temps à Halle; et comme il s'agissait de prendre un parti décisif, le Roi crut que, sans déroger à son autorité, il pouvait assembler un conseil, écouter la voix de l'expérience, et suivre ce qu'il y aurait de sage dans l'avis de ceux qu'il rassemblait : quiconque est chargé des intérêts d'une nation, ne doit rien négliger de ce qui peut en procurer le salut. Le prince d'Anhalt fut un des premiers auxquels le Roi fit l'ouverture du projet de Brühl. Ce prince était un de ces gens qui, prévenus d'eux-mêmes, abondent en leur sens, et sont pour la négative lorsque les autres affirment :