<158>d'Anhalt. Le colonel Brandeis, qui avec deux bataillons était demeuré à Crossen, s'empara de Guben, où il prit un gros magasin aux Saxons.
Durant cette expédition de Lusace, on n'eut aucune nouvelle du prince d'Anhalt; mais les Saxons divulguaient que M. de Grünne avait passé l'Elbe à Torgau, et marchait à Berlin. Pendant que ces bruits donnaient lieu à d'étranges réflexions, un officier vint de Halle, qui apprit que le prince d'Anhalt s'était mis en marche le 30 novembre; qu'il s'était préparé à attaquer les Saxons dans leurs retranchements de Leipzig, mais qu'il les avait trouvés abandonnés; que Leipzig s'était soumis, et que les Saxons fuyaient vers Dresde. Le Roi fit d'abord retourner cet officier pour presser le prince d'Anhalt de gagner Meissen le plus tôt qu'il le pourrait, et pour l'avertir que le corps de Lehwaldt n'attendait que son arrivée pour le joindre. Lorsqu'on apprit à Dresde que le prince de Lorraine avait été si vitement expédié, la consternation fut si grande, qu'on fit sur-le-champ rebrousser chemin au corps de Grünne, et que le comte de Rutowski fut obligé de ramener son armée pour couvrir Dresde.
Pendant que le prince d'Anhalt était en marche pour se rendre vers Meissen, et que l'armée du Roi demeurait en panne, ce prince employa ce temps pour renouer avec les Saxons une négociation tant de fois rompue, et que la complication des conjonctures paraissait éloigner plus que jamais. Le Roi écrivit pour cet effet à M. de Villiers, ministre d'Angleterre à la cour de Dresde,a en lui déclarant que malgré l'animosité que ses ennemis venaient encore de manifester si ouvertement contre lui, et malgré les avantages qu'il venait de remporter sur eux, il persévérait dans la résolution qu'il avait une fois prise de préférer la modération aux partis extrêmes; qu'il offrait la paix au roi de Pologne, avec l'oubli du passé, en posant la convention de Hanovre pour base de cette réconciliation.
Ce parti n'avait été pris qu'après de mûres réflexions, parce qu'on peut faire la paix lorsque les armes sont heureuses; mais si l'on a du dessous, l'ennemi ne se trouve guère dans des dispositions de se réconcilier. La paix pouvait épargner le sang de tant
a Voir F Appendice, à la fin de ce volume.