<159>de braves officiers, qui allaient le sacrifier pour remporter la victoire. Il fallait considérer que quelque heureuse que fût la guerre en Saxe, c'était un incendie dans la maison du voisin, qui pouvait se communiquer à la sienne; il fallait outre cela, le plus promptement que possible, terminer cette guerre, pour empêcher la Russie de s'en mêler. Le Roi n'avait rien à espérer des secours de la France; et si l'on ne mettait fin à ces troubles pendant l'hiver, on devait s'attendre au printemps que la reine de Hongrie rappellerait du Rhin son armée, qui maintenant lui devenait inutile, pour la joindre à celle de la Bohême, ce qui lui aurait donné une grande supériorité; enfin le prétexte de la guerre ne subsistait plus depuis la mort de Charles VII. Ajoutez encore que la récolte de l'année ayant été mauvaise, elle avait rendu les blés aussi rares que chers, et l'entier épuisement des finances : la paix était donc le seul remède à tous ces maux.

On s'étonnera peut-être que le Roi parût si modéré dans les conditions qu'il proposait pour la paix; mais qu'on observe qu'il était dans une situation qui rengageait à calculer toutes ses démarches, et à ne rien hasarder légèrement. Premièrement, il soutenait les principes de désintéressement qu'il avait annoncés dans des manifestes de l'année 1744 et 1745 :a s'il avait extorqué quelque cession au roi de Pologne, il aurait confondu les intérêts de ce prince avec ceux des Autrichiens, et il serait devenu l'artisan d'une union que la bonne politique exigeait qu'il dût dissoudre. Ensuite, l'Europe n'était que trop jalouse de l'acquisition que le Roi avait faite de la Silésie : il fallait effacer ces impressions, et non les renouveler. Ajoutez encore que le moyen le plus court de parvenir à la paix, était de rétablir in statu quo l'ordre des possessions, et sur le pied où elles étaient avant la dernière guerre. Comme les conditions proposées n'étaient ni dures ni


a L'Exposé des motifs qui déterminèrent le Roi à envoyer des troupes auxiliaires à l'empereur des Romains (Gazette privilégiée de Berlin, 13 août 1744, no 97), se termine ainsi : " En un mot, le Roi ne demande rien, et il ne s'agit point de ses intérêts personnels; mais Sa Majesté n'a recours aux armes que pour rendre la liberté à l'Empire, la dignité à l'Empereur, et le repos à l'Europe. "
     Le manifeste de l'année 1745 paraît faire allusion aux dépêches du comte de Podewils adressées aux cours étrangères, et mentionnées plus haut, p. 168.