<16>veur; que, cependant, il aviserait à les payer selon que ces États se conduiraient envers lui. " Cette hauteur acheva d'aliéner les esprits : le monarque le plus despotique ne s'exprime pas en termes plus impérieux. Le Roi agissait par intérêt; Carteret était violent : ces sortes de caractères n'emploient que rarement des expressions modérées.

Pendant que tous ces événements s'étaient passés sur le Main, le prince de Lorraine poursuivait les Français jusqu'au bord du Rhin. Son armée était partagée en trois colonnes : tandis qu'elle s'avançait vers les frontières de l'Alsace, lui et le maréchal Khevenhüller se rendirent à l'armée anglaise; ce qui était d'autant plus facile que M. de Noailles avait repassé le Rhin à Oppenheim. Le roi d'Angleterre voulut établir un concert moyennant lequel les mouvements des deux armées seraient si bien compassés les uns avec les autres, qu'ils tendraient au même but, qui était, selon le projet dont on convint, de reprendre la Lorraine. A cette fin le roi d'Angleterre devait passer le Rhin à Mayence, et se porter en droiture en Alsace, pour faciliter au prince de Lorraine les moyens de passer le Rhin à Baie, de prendre la Lorraine, et ensuite de partager les troupes victorieuses en quartiers d'hiver, tant en Bourgogne qu'en Champagne. Ces desseins étaient vastes; l'exécution répondit mal à leur grandeur. Le roi d'Angleterre, qui ne se voyait arrêté par aucune difficulté, passa le Rhin à Mayence, et se porta sur Worms. Le prince de Lorraine, moins heureux, fit passer quelques troupes dans une île du Rhin, et quelques Hongrois à l'autre bord; celles-là furent repoussées avec perte : l'île du Rhin fut abandonnée, et ce prince traîna languissamment dans le Brisgau la fin d'une campagne dont les commencements avaient été si brillants.

Le camp de Worms devint alors, par l'inaction des troupes, le centre des négociations. Les Français se servirent de toutes sortes de voies pour tâter le terrain : ils firent des ouvertures au lord Carteret, et hasardèrent quelques propos pour sonder le terrain, et voir à quelles conditions on pourrait convenir de la paix. Les desseins du roi d'Angleterre allaient beaucoup au delà de tout ce que la France pouvait lui offrir avec bienséance. Le roi George, qui savait que le roi de Prusse était informé de ces