<172>autre délai; qu'enfin il ne se départirait en rien des engagements qu'il avait pris avec le roi d'Angleterre par la convention de Hanovre; que pour lui, loin d'être aveuglé par la fortune, il ne hausserait ni ne baisserait ses prétentions, et qu'ainsi la reine de Hongrie ne devait pas s'attendre à lui faire changer de résolution. " Le Roi finit en recommandant à M. de Villiers de lui rapporter exactement le dernier mot du roi de Pologne, afin que dorénavant rien ne mît de nouveaux empêchements à la pacification de l'Allemagne et du Nord. Bientôt le Roi fit inviter chez lui tous les ministres saxons : il récapitula tout ce qui s'était passé; il leur exposa avec vérité ses sentiments, et les conditions de paix modérées qu'il offrait à ses ennemis : il fut assez heureux pour les convaincre que ces conditions étaient telles qu'ils les auraient pu souhaiter ou dicter eux-mêmes, et que leur roi n'avait d'autre parti à prendre que de les signer.

On prit en même temps des mesures pour que les troupes observassent le meilleur ordre : le Roi mit dans ses procédés toute la douceur possible, afin que cette province voisine et malheureuse ne se ressentît que légèrement des fléaux d'une guerre dont le peuple était innocent. Pour s'accommoder à la coutume, on chanta dans les églises le Te Deum, sous la triple décharge de l'artillerie de la ville; et le soir on fit représenter l'opéra d'Arminius. On ne rappelle ces bagatelles que relativement aux anecdotes où elles tiennent. Jusqu'à l'opéra tout devenait entre les mains de Brühl un ressort pour gouverner l'esprit de son maître : il avait fait représenter la Clémence de Titus au sujet de la disgrâce de Sulkowski et des prétendus crimes que le Roi lui pardonna; Arminius parut pendant cette dernière guerre : cette histoire devait servir d'allégorie au secours qu'Auguste III donnait à la reine de Hongrie contre les Français et les Prussiens, qu'on accusait de vouloir tout subjuguer. Les louanges flatteuses de la poésie italienne, rehaussées du charme de l'harmonie, et rendues par le gosier flexible des châtrés, persuadaient au roi de Pologne qu'il était l'exemple des princes et un modèle d'humanité. Les musiciens supprimèrent un chœur de l'opéra, qu'ils n'osèrent produire en présence des Prussiens, parce que les paroles pouvaient