<175>que Traun a pu détacher Grünne pour la Saxe, et peut-être le suivre avec le reste de ses troupes, si la reine de Hongrie trouve; à propos de l'employer contre vous. J'ai fait de grandes choses cette campagne : on a aussi parlé de vous. Je plains la situation dangereuse où vous vous êtes mis pour l'amour de moi : on n'acquiert de la gloire qu'en se sacrifiant pour la France : témoignez de la constance, et souffrez toujours; imitez l'exemple de mes autres alliés, que j'ai abandonnés, à la vérité, mais auxquels j'ai donné l'aumône lorsqu'on les avait dépouillés de toutes leurs possessions. Prenez conseil de votre esprit, et de la présomption avec laquelle vous vous êtes ingéré quelquefois à me donner des avis : vous aurez sans doute assez d'habileté pour vous tirer d'embarras; d'ailleurs le froid de l'hiver engourdira vos ennemis, et ils ne pourront vous combattre. Si cependant il vous arrivait malheur, je vous promets que l'Académie française fera l'oraison funèbre de votre empire, que vos ennemis auront détruit. Votre nom sera placé dans le martyrologe où se trouve le nom des fanatiques qui se sont perdus pour le service de la France, et des alliés qu'elle a daigné abandonner. Vous voyez que j'ai fait des diversions; je vous ai offert jusqu'à un million de livres de subsides. Espérez avec ferveur dans la belle campagne que je ferai l'été prochain, pour laquelle je prépare tout dès à présent, et comptez que je me concerterai avec vous sur tous les sujets où vous voudrez suivre aveuglément mes volontés, et vous conformer à tout ce qui s'accorde avec mes intérêts. "

Dès que les négociations de la paix furent assez avancées pour qu'on fût sûr de leur réussite, le Roi répondit à cette lettre du roi de France, par une autre dont nous rapporterons le contenu, parce que la matière dont il s'agit était aussi importante que délicate.



Monsieur mon frère,

Après la lettre que j'avais écrite à Votre Majesté en date du 15 de novembre, je devais m'attendre de sa part à des secours réels. Je n'entre point dans les raisons qu'elle peut avoir d'abandonner ses alliés aux caprices de la fortune. Pour cette fois, la