<178>contre les Prussiens, et l'envie que leur inspirait l'agrandissement de cette puissance voisine; où les Autrichiens combattaient pour l'Empire et pour la prépondérance; dans laquelle les Russes voulurent se mêler, pour influer sur les troubles germaniques; à laquelle la France devait s'intéresser, et qu'elle négligea; où l'on vit la Prusse exposée à des dangers imminents, et dont elle triompha par la discipline et la valeur héroïque de ses troupes. Cette guerre ne donna pas lieu à ces grandes révolutions qui changent la destinée des empires; mais elle empêcha que de tels bouleversements n'arrivassent alors, en obligeant le prince de Lorraine d'abandonner l'Alsace. La mort de Charles VII fut de ces événements qu'on ne saurait prévoir : cette mort dérangea le projet d'arracher pour jamais la dignité impériale à la nouvelle maison d'Autriche. Ainsi, en appréciant les choses à leur juste valeur, on est obligé de convenir qu'à certains égards cette guerre causa une effusion de sang fort inutile, et qu'un enchaînement de victoires ne servit uniquement qu'à confirmer la Prusse dans la possession de la Silésie. Si nous n'envisageons cette guerre que relativement à l'accroissement ou à l'affaiblissement des puissances belligérantes, nous trouvons quelle coûta aux Prussiens huit millions déçus, mais qu'à la signature de la paix il leur restait pour toute ressource quinze mille écusa pour la continuation de la guerre. Les Prussiens firent dans ces deux campagnes quarante-cinq mille six cent soixante-quatre prisonniers sur leurs ennemis : à savoir : douze mille hommes à Prague; dix-sept cent cinquante par de petits partis; deux cent cinquante aux affaires de Plomnitz et de Reinerz du général Lehwaldt; sept mille cent trente-six à la bataille de Friedeberg; trois mille à la prise de Cosel, et cinq mille en différentes occasions par le général Nassau; deux cent cinquante par les hussards de Zieten; deux mille trente à la bataille de Soor; quatre cents par les troupes du margrave Charles dans la Haute-Silésie; quatre cent vingt-sept par les partis de la garnison de Glatz; treize cent quarante-deux par le général de Win-
a Dans le manuscrit original il y a très-distinctement : " 15/m écus : " les éditeurs de 1788 avaient substitué à ce chiffre celui de " cent cinquante mille écus. "