<18>fait. Voici ces détails : un certain Hertzel, émissaire de la France, était venu chez l'électeur de Mayence pour insinuer à ce prince les propositions qu'il voulait faire parvenir aux Anglais. Les intrigues des Autrichiens avaient fait élire cet Ostein électeur de Mayence dans la place de ce Schönborna qui avait couronné Charles VII. Cet Ostein était une créature des Autrichiens; il était de plus soudoyé par des subsides des Anglais, auxquels il s'était vendu sans réserve. On envoya le comte de Finck à Mayence pour éclaircir ce fait, et l'on mit tout en mouvement en France pour voir s'il y aurait moyen de pénétrer la vérité : toutes ces peines furent perdues. Peut-être que Hertzel avait tenu de lui-même des propos qui donnèrent lieu à cette histoire; c'était un abîme de mauvaise foi : il aurait fallu un nouvel Oedipe pour expliquer ce mystère.

Une négociation plus importante commençait à se lier alors : la cour de Versailles se proposait de faire entrer le roi de Sardaigne dans les intérêts de la France et de l'Espagne. Il subsistait à la vérité un traité provisionnel entre Charles-Emmanuel et Marie-Thérèse, mais conçu avec tant d'ambiguité et en termes si généraux, qu'on pouvait le rompre sans manquer de foi. La négociation des Français avançait à Turin, et aurait pu se conclure, si les Français et les Espagnols n'eussent pas trop marchandé sur de petits intérêts. Le lord Carteret fut informé de ce qui se tramait à Turin; il ne marchanda point : ses offres, aux dépens des Autrichiens, surpassèrent celles des Français, et il eut le roi de Sardaigne. Par ce traité, la reine de Hongrie lui cédait le Vigevanasc, le Tortonois et une partie du duché de Parme, et le roi de Sardaigne lui garantissait tout ce qu'elle possédait en Italie, s'engageant à la défendre de toutes ses forces. Ce traité fut ainsi arrangé et conclu à Worms.

La cour de Vienne était outrée des cessions que les Anglais l'obligeaient de faire sans cesse : on y envisageait les Anglais


a Jean-Frédéric-Charles comte d'Ostein devint, le 22 avril 1743, archevêque et électeur de Mayence. Son prédécesseur, le comte Philippe-Charles d'Eltz (voyez t. II, p. 31), avait régné depuis 1732, et était successeur de Lothaire-François baron de Schönborn, élu archevêque et électeur de Mayence le 2 mai 1695.
     L'empereur Charles VII fut couronné le 12 février 1742.